3 février 2014

Livre: Les classiques du cinéma bis

(Laurent Aknin, avec la collaboration de Lucas Balbo; Nouveau Monde éditions; 574 pages)

Laurent Aknin, grand amateur de cinéma bis (on lui doit notamment Cinéma bis, 50 ans de cinéma de quartier), a eu la bonne idée de reprendre Les classiques du cinéma bis pour nous en livrer une 2e édition augmentée. Si certaines erreurs incluses dans la première édition ont été corrigées, il reste cependant quelques coquilles ou approximations, mais nous serons indulgent en nous disant qu’elles collent finalement parfaitement au sujet traité, qui ne compte pas que des films techniquement irréprochables.
Pour satisfaire les amoureux de cinéma bis, Aknin nous propose 520 films classés par année, de 1955 à 2013 (de Bride of the monster de Ed Wood Jr au Evil Dead de Fede Alvares). Pour nous accompagner dans ce petit voyage dans le temps, l’auteur aborde les genres qui ont fait les belles heures de ce cinéma (péplum, giallo, blaxploitation, kung-fu, gore, western spaghetti, porno, films post-apocalyptiques, comédies grivoises, etc.), tout en essayant de rester qualitativement assez représentatif de l’ensemble de la production. Nous retrouverons donc aussi bien des films majeurs (The Wicker Man de Robin Hardy, The Texas Chain Saw Massacre de Tobe Hooper ou Profondo rosso de Darío Argento) que quelques nanars inconnus de l’auteur de ces lignes (au hasard: Poussez pas grand-père dans les cactus) ou des films cultes et kitsch comme Starcrash, avec la délicieuse Caroline Munro.
Au hasard de sa lecture, le lecteur verra donc ressurgir quelques souvenirs de sa jeunesse cinéphilico-libidineuse (Laura Gemser en Emanuelle Nera), essaiera de se remémorer au moins un plan d’un navet oublié, ou repensera au contraire avec délectation aux meilleurs passages des classiques du cinéma de genre (The Masque of the Red Death de Roger Corman, les Baby Cart de Kenji Misumi ou Il grande silenzio de Sergio Corbucci, par exemple), voire d’un cinéma plus proche du cinéma d’auteur (de La vampire nue de Jean Rollin (et oui!) à Twixt de Francis Ford Coppola).
La sélection était difficile, mais le choix effectué par Laurent Aknin s’avère judicieux. Nous pourrions déplorer l’absence d’un film ou la présence d’un autre, mais nous préférons considérer au contraire que ces choix font justement l’intérêt de l’ouvrage (qui a tout de même bien pris soin de ne pas oublier des incontournables comme José Benazeraf, Jess Franco, Inoshiro Honda, Sergio Leone, Russ Meyer, José Mojica Marins ou George A. Romero… pour ne citer qu’eux!).
Malgré l’ampleur de la tâche, on aurait plutôt envie de reprocher à l’auteur d’avoir été trop succinct dans son analyse de certains films… même si sa volonté d’accorder autant de place aux nanars improbables qu’aux vraies réussites n’est finalement pas désagréable. De plus, sa volonté d’introduire dans ses textes quelques généralités sur les courants ou quelques références à d’autres films, tout comme son choix d’opter pour un classement chronologique plutôt qu’alphabétique, permettent à l’auteur de porter indirectement un regard (il est vrai très superficiel) sur l’évolution du cinéma bis depuis près de 60 ans.
Les amateurs et les curieux apprécieront donc probablement l’effort. Il ne nous reste plus qu’à attendre une troisième édition sans coquilles et en couleurs… nous serions alors comblés!
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