27 janvier 2017

Julieta **½

Au moment où elle s’apprête à quitter Madrid, Julieta (Emma Suárez et Adriana Ugarte) fait une rencontre fortuite qui la replonge dans son passé et ravive notamment le souvenir de sa fille, qu’elle n’a pas vue depuis des années, et qu’elle avait presque fini par oublier.

Réalisateur: Pedro Almodóvar | Dans les salles du Québec le 27 janvier 2017 (Métropole)

Pedro Almodóvar n’est bien évidemment pas dénué de talent, et quelques plans particulièrement bien sentis viennent nous le rappeler durant la projection de Julieta (un visage d’actrice, un cerf dans la neige, un visage d’actrice, un moment de complicité entre une mère et sa fille, un visage d’actrice, etc.). Malheureusement, tout le film n’est pas à la hauteur de ces fulgurances… bien au contraire.
Que Julieta soit l’adaptation de trois nouvelles d’un même recueil (Fugitives d'Alice Munro) n’est pas problématique en soi. Cela le devient lorsque le film donne l’impression d’être un assemblage maladroit de trois œuvres distinctes.
Avec Julieta, Almodóvar donne en effet l’impression de ne pas trop savoir où il veut aller à force d’enchaîner de manière presque mécanique des exemples illustrant le sentiment de culpabilité (avec une mention spéciale pour les hommes qui trompent leurs femmes tour à tour très malades, mourantes ou tout juste enterrées). L’ensemble est si insistant qu’il finit par être indigeste, d’autant plus qu’Almodóvar ne fait qu’effleurer le thème à l’infini sans le traiter vraiment. Il aurait fallu pour cela qu’il parvienne à engendrer des personnages convaincants, qu’il essaie soit de les comprendre, soit de restituer leurs actes (et les conséquences de ces derniers). Au lieu de cela, il enchaîne des petits riens sans jamais parvenir à former un tout, ni apporter la moindre épaisseur (ou la moindre “vie”) à ses personnages… pas même à Julieta, dont le parcours avait tout pour être déchirant (le renoncement (provisoire?) au souvenir de son propre enfant n’est pas le moindre des sujets potentiellement passionnant de Julieta).
Pedro Almodóvar aime les couleurs vives, les drames familiaux, les grands sentiments… Nous retrouvons tout cela, mais il manque au film ce qui fait la force de ses œuvres les plus réussies (du moins en ce qui concerne ses mélos): des personnages qui nous attirent, nous fascinent, nous bouleversent.. et qui ont aussi besoin pour cela d’un scénario construit avec un minimum de rigueur!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: **½
Martin Gignac: ****
Olivier Maltais: **½
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