7 juillet 2017

Manifesto **

Treize personnages reprennent les mots d’artistes ou de théoriciens célèbres (Guy Debord, Guillaume Apollinaire, Vassily Kandinsky, André Breton…) pour parler de divers manifestes ayant accompagné l’histoire de l’art.

Réalisateur: Julian Rosefeldt | Dans les salles du Québec le 7 juillet 2017 (Kinosmith Inc.)

À l’origine, Manifesto était une installation: 12 films de 10min30 (et un de 4 minutes) destinés à être projetés en boucle et simultanément dans un lieu unique. Le spectateur avait ainsi la liberté de voir la même actrice (Cate Blanchett) incarner plusieurs personnages ayant pour uniques dialogues les mots ayant servi à conceptualiser des courants artistiques majeurs (situationnisme, constructivisme, dadaïsme, art conceptuel, etc.). Le spectateur avait la liberté d’aller à sa guise d’un segment à l’autre, d’un manifeste à l’autre, d’un personnage à l’autre.
Malheureusement, en devenant un long-métrage, Manifesto impose au spectateur une lecture. Les manifestes contradictoires qui pouvaient être assimilés de manière presque simultanée par le spectateur se succèdent ici comme une suite de cours, en perdant une partie de la force (du trouble?) liée à leur possible confrontation directe. De plus, si Julian Rosefeldt a eu la brillante idée d’opter pour des images assez sages dans le cadre de son projet, le résultat du bout à bout proposé ici est particulièrement ronronnant, voir soporifique. Enfin, si le choix d’avoir pris la même actrice pour tous ses personnages pouvait ajouter au trouble provoqué par l’installation, cela ressemble ici plus à un exercice d’acteur qui peut sembler un peu vain.
Au final, nous sommes assez mal à l’aise pour parler d’un long-métrage qui n’en est pas un (entre un long de 90 minutes avec un début et une fin de projection et 12 courts destinés à être projetés simultanément et en boucle, il y a tout de même différence!)
Que l’art contemporain débarque au cinéma n’est pas un problème (Zidane, un portrait du XXIe siècle de Douglas Gordon et Philippe Parreno reste peut-être une des grandes réussites du genre), encore faut-il que cela soit pensé pour ce lieu si particulier qu’est la salle de cinéma!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: **
Martin Gignac: **½
Pascal Grenier: *
Olivier Maltais: **
Ambre Sachet: **
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