25 août 2017

Good Time ( Good Time: Une nuit sous tension) ***½

Après un cambriolage qui a mal tourné, un petit truand (Robert Pattinson) fera tout pour éviter à son frère (Ben Safdie) un séjour en prison.

Réalisateur : Joshua et Ben Safdie | Dans les salles du Québec le 25 août 2017. (Entract Films)

Depuis près d'une décennie, les frères Safdie tentent de faire leur place dans le cinéma indépendant américain. Après quelques longs-métrages intéressants mais pas totalement concluants, ils y arrivent avec le très satisfaisant polar Good Time.
Ce film s'apparente à un proche cousin du After Hours de Martin Scorsese: une nuit sans fin pour notre pauvre protagoniste qui cumulera les problèmes et les rencontres fortuites. L'humour noir est constamment contrebalancé par un suspense qui fonctionne à mi-régime. Entre une superbe introduction et une conclusion de style documentaire se succèdent une multitude de scènes de qualité variable. La plupart, stupéfiantes, étonnent et déconcertent, que ce soit cette apparition parfaite de Jennifer Jason Leigh, le rôle que jouera une jeune adolescente et la séance de cache-cache dans un parc d'attractions. Quelques-unes traînent cependant de la patte dans la seconde partie, s'attardant à des détails moins importants de personnages plus secondaires.
Souvent tourné en catimini et bénéficiant d'improvisations, le récit ne s'en laisse pas imposer techniquement. La caméra frôle les corps pour se concentrer sur les visages essoufflés. Un profond sentiment de solitude plane dans ce Queens qui devient un protagoniste à part entière. La couleur qui apparaît à l'écran évolue subtilement au fil des péripéties, devenant du coup une palette d'expression des êtres en place. Une réalisation serrée dont le cortex cérébral serait l'inoubliable et omniprésente trame sonore d'Oneohtrix Point Never. Ses mélodies énergisantes rappellent le travail de Tangerine Dream et elles ont été récompensées au dernier Festival de Cannes.
C'est pourtant Robert Pattinson qui représente le cœur et l'âme du projet. Depuis Twilight, l'acteur ne cesse de prendre des risques (chez Cronenberg ou dans le trop peu vu The Chilhood of a Leader) et il trouve ici son rôle le plus gratifiant en carrière. Difficile de trouver un comédien plus charismatique et inaccessible à la fois, d’autant plus que le scénario des frères Safdie fait écho à son cheminement personnel. Pattinson a toujours pris soin de se dérober de ses fans qui lui vouent un culte, devenant dans le cas qui nous intéresse un véritable homme de l'ombre. Lorsque la fiction rejoint la réalité.
Intelligent et distrayant, Good Time est cette belle surprise du champ gauche qui fait un bien fou et qui mérite d'être découvert.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***½
Ambre Sachet: **
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