17 septembre 2017

FCVQ 2017: La belle et la meute (Aala Kaf Ifrit) **½

(Réalisatrice: Kaouther Ben Hania)

La belle et la meute, présenté il y a quelques mois dans la section Un certain regard à Cannes, n’est malheureusement jamais à la hauteur de ses belles intentions.
La première est thématique: son héroïne, violée dès les premiers instants du film, voit son calvaire se prolonger lorsqu’elle comprend que la victime qu’elle est devient aux yeux des autres coupable de ce qui lui est arrivé. Au-delà de ce terrible constat s’ajoute une charge contre le système tunisien avec sa lourdeur administrative, sa corruption et ses lois que la révolution récente n’a pas rendues moins archaïques. Un peu laborieuse, la démonstration ne laisse cependant pas indifférent, mais il est évident qu’elle aurait eu plus d’impact si la seconde «belle intention» annoncée plus haut avait été plus maîtrisée.
Au-delà du thème, Kaouther Ben Hania semble également très intéressée par la forme, et découpe son film en neuf segments qui sont autant de plans séquences. Ils parviennent presque à jouer leur rôle en étirant l’action, en ayant un effet presque labyrinthique qui traduit efficacement la perte de repère de cette jeune femme devant lutter contre l’administration alors qu’elle vient de subir une agression traumatisante. Par contre, il est difficile de passer sous silence certaines faiblesses que le recours aux plans-séquences rend encore plus flagrantes: d’une part, l’actrice Mariam Al Ferjani (physiquement idéale pour incarner la fille de la campagne très jolie et un peu naïve) possède malheureusement des compétences de comédienne très limitées, est particulièrement mal dirigée et n’a clairement pas les reins assez solides pour être l’élément central d’un film uniquement composé d’une poignée de plans séquences. L’autre faiblesse vient de l’écriture globalement trop démonstrative et engendrant de nombreuses facilités ou aberrations narratives. Certaines auraient facilement pu être éliminées après coup dans une œuvre filmée de manière plus traditionnelle,  mais l’emploi du plan séquence rend pérennes toutes les petites faiblesses d’écritures, qui font parfois glisser l’ensemble jamais très loin du ridicule.
Au final, nous regrettons que Kaouther Ben Hania, réalisatrice / scénariste de ce film, ait fait des choix parfois malheureux qui entravent l’adhésion du spectateur… même si son propos courageux nous donne envie de défendre un peu ce petit film sincère!
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