2 février 2018

L'insulte (The Insult) ***

Alors qu’il travaille sur un chantier dans une ruelle de Beyrouth, Yasser (Kamel El Basha) est arrosé par la gouttière cassée de Toni (Adel Karam). Quand ce dernier refuse de la faire réparer, l’affrontement laisse place à une insulte qui fait resurgir le passé du Liban et entraîne les deux hommes devant les tribunaux.

Réalisateur: Ziad Doueiri | Dans les salles du Québec le 2 février 2018 (AZ Films)

Là où le plus récent film de Fatih Akin (In the fade) s’essouffle sur un thème tout aussi actuel et controversé par le biais du film de procès, Ziad Doueiri parvient à doser le rythme de son dernier né L’insulte en jouant l’équilibriste entre plaidoiries et affrontements sur les conséquences d’une possible réconciliation entre chrétiens et palestiniens après la guerre civile qui a frappé le pays (1975-1990). Celui qui a adapté L’attentat de Yasmina Khadra (2012) n’en est pas à son coup d’essai lorsqu’il s’agit d’aborder l’Histoire et les problématiques contemporaines de front.
Les scènes de prétoire décortiquent avec soin et tension le mal-être de chaque peuple. Les questions soulevées par les avocats des deux hommes donnent matière à réflexion, même si celles-ci sont rapidement dissipées quand Doueiri décide de tomber dans la facilité de la réconciliation finale et romanesque.
Il est dommage de constater que le réalisateur franco-libanais préfère donner des directives et répondre aux questions qu’il vient de poser. Le premier tiers du film nous incite à adhérer à la cause du réfugié palestinien (Yasser) alors que la dernière partie mettant fin au procès bascule sans transition du côté du chrétien libanais (Toni), témoin dans son enfance du massacre de Damour (1976). Les acteurs Adel Karam (Toni), Kamel El Basha (Yasser, prix du meilleur acteur Mostra de Venise 2017) et Rita Hayek (Shirine) donnent le ton tout en justesse et permettent une nuance que le récit ne suit pas toujours. Le drame reste bien ficelé, ce qui rend les temps morts rares dans cette course contre l’Histoire. 
L’intelligence de Doueiri – originaire d’une famille sunnite qui a défendu la cause palestinienne – réside dans son choix de s’entourer de Joëlle Touma au scénario, issue d’un milieu chrétien.
Pour ceux qui sauront mettre quelques raccourcis de côté, ce film en nomination pour l’Oscar 2018 du meilleur film en langue étrangère saura aborder les questions qui dérangent et exposer la vérité de chacun.
L'avis de la rédaction :

Ambre Sachet: ***
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: **½
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