6 décembre 2018

★★★★ | Burning : les granges brûlées

Réalisé par Lee Chang-dong | Dans les salles du Québec le 7 décembre 2018 (Cinéma Du Parc)
Après huit ans d’absence, l’excellent réalisateur sud-coréen Lee Chang-dong (Oasis, Poetry) nous livre un autre film phare avec Burning. Grand oublié du podium à Cannes en mai dernier (il a dû se contenter d'un maigre Prix de la FIPRESCI), ce sixième long-métrage du Sud-coréen est un brillant thriller aux multiples allégories sociales et politiques. Derrière ses fausses apparences de triangle amoureux qui bascule à mi-chemin dans le film à énigme, le cinéaste livre en effet un portrait riche et complexe de la société coréenne contemporaine.
Basé sur une nouvelle du romancier japonais à succès Haruki Murakami, Burning est un thriller sentimental sinueux, métaphysique et dépouillé d’artifices. La trame narrative se révèle à travers le personnage principal de Jangsu, ce fermier solitaire qui tombe amoureux d’une ancienne camarade de classe, puis qui sera bouleversé par sa soudaine disparition quelque temps plus tard.
Visuellement riche avec ces lents mouvements d’appareil explorant l’étendue du paysage de Paju, en contraste avec les plans serrés et rapprochés de la capitale de la Corée du Sud, la mise en scène joue avec cette dualité entre la campagne et la ville, les iniquités sociales, l’illusion et les déceptions ou encore l’endettement et la solitude face à la richesse et au dandysme bourgeois.
Riche en détail et en ramifications psychologiques beaucoup plus complexes qu’en apparence, Burning offre plus qu’un simple suspense romantique. C’est un casse-tête hitchcockien tortueux au climat envoûtant et mystérieux qui finit par hanter le spectateur malgré un rythme langoureux et atypique pour ce genre de film.
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