14 octobre 2020

FNC 2020 | ★★★ | Tout simplement noir

Réalisation : Jean-Pascal Zadi et John Wax
Soyons francs, nous n'attendions rien de bon de Tout simplement noir… Et pourtant ! Cette comédie populaire souhaitant véhiculer un message de tolérance est à des années-lumière des pitoyables comédies françaises du style Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? Osons le dire : il s'agit même d'une réussite.
D'une part, elle est drôle. Et même très drôle. Ce qui, pour une comédie française, est déjà beaucoup. Bien rythmée, bordélique mais pas trop, gentiment insolente, traversée de dizaines d'apparitions parfois hilarantes de personnalité françaises dans leurs propres rôles, le film procure un plaisir constant.
Mais elle réussit surtout à faire ce qui semble presque impossible aux autres : livrer un message antiraciste aussi éloigné de la bien-pensance indigeste que de la caricature involontaire. Son arme absolue : ne pas voir les noirs de France comme une communauté unie, mais comme une multitude d'individus, possédant comme le reste de l'humanité leurs failles, leurs paradoxes, leurs excès, leur égoïsme… mais aussi tout le contraire !
En agissant ainsi, Jean-Pascal Zadi (qui incarne son propre rôle d’acteur raté !) désamorce un discours qui risquerait de braquer ceux qui ne veulent pas penser comme lui. Mais ce n'est pas tout. Il parvient à se défaire de la caricature dans lesquels s'enferment eux-mêmes certains cinéastes noirs (nous pensons à Lucien Jean-Baptise et Fabrice Eboué, par exemple, qui jouent d'ailleurs le jeu avec un beau sens de l’autodérision en assumant ce paradoxe).
Et finalement, montrant que les failles peuvent toucher tout le monde, quelle que soit la couleur de peau ou la raideur des cheveux, le film peut porter son message et parler des injustices subites par les noirs de France sans jouer au jeu de la victime perpétuelle, mais en mettant chacun face à la bêtise que représente la tentation de laisser la couleur de peau occulter un jugement.
Le tout, rappelons-le, sous des allures de grosse rigolade potache. Alors, oublions certaines faiblesses (quelques idées maladroitement surexploitées, certaines scènes aux allures de sketches moins drôles que d’autres) et disons tout simplement : chapeau monsieur Zadi.
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