16 septembre 2022

★★★½ | Le rêve et la radio

Réalisation: Ana Tapia Rousiouk et Renaud Després-Larose | Dans les salles du Québec le 16 septembre 2022 (La distributruce de films)
Le rêve et la radio affiche d’emblée sa différence. Premier long métrage réalisé conjointement par Renaud Després-Larose et Ana Tapia Rousiouk, Le rêve et la radio opère à la fois avec calme (explorant son récit à partir de voix chuchotées et par scènes intimes) et avec des intentions maximalistes : les formes esthétiques changent à une vitesse ahurissante, laissant peu de temps de répit au spectateur.
Sur ses deux heures et quart, le film se perd et se retrouve constamment. La liberté créatrice déployée surprend, enchante, essouffle; les idées qui s’enchaînent sont tour à tour convenues et émouvantes, sans apparent discernement, sans intention de limiter le geste créatif, et s’orchestrent sur un nombre considérable de trouvailles esthétiques. Le récit, très simple, n’est qu’un support aux envies des réalisateurs. La ligne directrice, elle, se trouve dans l’imbroglio de concepts avancés. Avec le temps, certains thèmes s’esquissent, refont surface et affichent plus clairement les préoccupations des cinéastes : la difficulté de créer un art moral, honnête avec lui-même, voire de vivre une vie en phase avec ses valeurs personnelles dans un monde qui réduit les êtres à leur productivité.
Le rêve et la radio ne manque certainement pas d’aplomb. Si son ensemble est parfois vaporeux, voire donne l’impression d’être quelque peu aléatoire, il s’y trouve une œuvre d’une grande beauté qui traduit, à sa manière idiosyncrasique, de sincères préoccupations. Un OVNI, forcément, mais un qui émeut autant qu’il intrigue.
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