16 septembre 2022

★★★½ | Incroyable mais vrai

Réalisateur: Quentin Dupieux | Le16 septembre 2022 en exclusivité québécoise au Cinéma public
Après Mandibules et en attendant Fumer fait tousser, le prolifique artiste multidisciplinaire Quentin Dupieux continue d’alterner entre la musique électronique (sous le pseudonyme Mr. Oizo) et le cinéma avec des films aussi originaux que singuliers. Des films qui baignent dans un univers surréaliste à l’humour aussi cocasse que décalé. C’est le cas de Incroyable mais vrai qui s’inscrit parfaitement dans cette lignée où Dupieux s’amuse encore à nous surprendre et arrive à se renouveler sans se répéter. À partir d’un canevas assez simple mais hilarant — un couple décide d’investir dans une maison où un conduit vient littéralement bouleverser leur mode de vie et leur espace-temps — , Dupieux joue avec la notion de voyage dans le temps. A priori nonsensique, le canevas de départ prend tout son sens dans une deuxième partie où une réflexion sur le vieillissement et le temps qui passe apparaît petit à petit. Un deuxième acte où le sérieux côtoie avec un bonheur égal une prémisse moins absurde qu’elle en a l’air et qui devient progressivement un drame bourgeois réfléchi.
Alors qu’il retrouve Alain Chabat huit ans après Réalité, la révélation du film est la présence hilarante de Benoît Magimel — dans le rôle d’un ami féru de voitures et d’électronique — qui possède un don pour la comédie qu’on ne soupçonnait guère. On ne se lasse pas de ses nombreuses mésaventures en lien avec son nouveau pénis électronique ! Sans la touche magique de Dupieux, tout cela pourrait sombrer rapidement dans le nanar ridicule. Mais le cinéaste possède cette maîtrise de l’humour décalé et cette capacité à redresser son univers avant qu’il ne sombre dans le n’importe quoi grotesque. C’est grâce à cette volonté et ce vent de liberté autant dans la forme (les couleurs éclatées) que dans le fond qu’on est en présence d’un drame existentiel fantaisiste, un brin abracadabrant, mais empreint d’une profonde mélancolie. Comme quoi il faut bien s’amuser pour arriver à mieux réfléchir.
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