5 avril 2024

★★★½ | La Chimera

Réalisation : Alice Rohrwacher | Dans les salles du Québec le 5 avril 2024 (Entract Films)
Avouons-le d’emblée, l’auteur de ces lignes n’est habituellement pas très sensible au charme des films d’Alice Rohrwacher. D’ailleurs, les premiers instants laissent présager le même effet, cette étrange impression de voir un film qui n’est pas fait pour soi. Et pourtant, petit à petit, l’ensemble un peu foutraque, étrange, d’une liberté parfois déroutante, presque insolente, finit par produire son effet. La bande sonore du film y contribue également, avec ses conversations à bâtons rompus et ses morceaux de musique entraînants. On se prend alors vite d’affection pour ces personnages imprévisibles et hauts en couleur et on se laisse guider par ce fil narratif pourtant très tenu, ou, pourrait-on dire, par ce fil rouge (clin d’œil pour ceux qui verront le film) qui prendra finalement plus d’importance qu’on pourrait le croire. Car tout ici ne tient qu’à un fil, qui pourrait casser à chaque instant et propulser le film vers un échec artistique… Il n’en est rien. L’intrigue minimaliste s’efface devant les éléments évoqués plus haut, mais surtout devant cette opposition entre le monde d’en haut et le monde d’en bas, celui des vivants et celui des morts, celui d’hier et celui de demain. Et finalement, nous nous laissons entraîner aux côtés de cet antihéros, ce pilleur de tombe à la recherche d’un amour perdu. Derrière la satire de l’appât du gain et du trafic d’objets anciens, se cache en effet autre chose qui nous aide à comprendre ce qui pousse ce personnage à déterrer les morts. Et qui rend presque beau ce blasphème, qui l’aide à tenir, par l’entremise de ce fameux fil rouge !
Osez donc vous aventurer dans ce film étrange, et laissez-vous porter par son charme. Et si ce n'est pas la cas, les dernières minutes, aussi simples que belles et poignantes, seront, souhaitons-le, votre récompense !

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