11 avril 2024

★★¾ | The Old Oak (The Old Oak: Notre pub)

Réalisateur: Ken Loach) | Dans les salles du Québec le 12 avril 2024 (TVA-Films)
Fort d’une carrière plus qu’enviable s’échelonnant sur soixante années, Ken Loach est le cinéaste par excellence de l’indignation et de l’engagement social. S’il faut en croire la rumeur, The Old Oak serait son dernier film. C’est également, malheureusement, un de ses plus faibles.
On retrouve pourtant tout ce qui a fait le charme de son cinéma. Le scénario de son éternel complice Paul Laverty s’articule à nouveau autour d’un combat manichéen entre David et Goliath. Le propriétaire d’un pub qui est menacé de fermer prend le parti des réfugiés syriens, au grand dam d’une communauté raciste et récalcitrante. En tendant la main vers l’Autre, en lui parlant et en l’écoutant, on finit par se rendre compte qu’il nous ressemble comme deux gouttes d’eau…
Ces beaux messages empreints d’espoir sont nécessaires dans un monde de plus en plus sombre et cruel. C’est la manière d’articuler le récit qui fait sourciller. Au début, notre héros ne veut pas trop s’impliquer auprès de ces étrangers. Il les tolère, tout au plus. Mais lorsqu’il perd son principal lien affectif sur terre, que son chien meure tragiquement, il décide de se porter à la défense des nouveaux venus. C’est cette façon de mettre sur un pied d’égalité la vie d’un animal et la souffrance d’un être humain qui offusque au plus haut point, surtout de la part de Loach.
Pour le reste, le long métrage demeure en terrain connu, arpentant pratiquement les mêmes chemins balisés que ses précédents Sorry We Missed You et I, Daniel Blake. La mise en scène démonstrative et le ton moralisateur sont au service d’excellents interprètes, où se démarque particulièrement Dave Turner dans le rôle principal et Ebla Mari en photographe syrienne. Ce sont eux qui portent le film et véhiculent l’émotion. Jusqu’à ce trop-plein qui explose à la fin, qui sera bouleversante ou ridicule selon sa sensibilité.
Ken Loach s’avère plus sentimental que jamais avec The Old Oak, concluant une immense carrière avec un récit naïf et appuyé qui rappelle la nécessité d’être solidaire. Encore là, impossible d’aller contre la vertu. C’est juste que le réalisateur anglais nous avait habitués à beaucoup mieux.
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