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6 janvier 2023

★★★½ | Corsage

★★★½ | Corsage

Réalisation : Marie Kreutzer | Dans les salles du Québec le 6 janvier 2023 (Cinéma du Parc)
Avec Corsage, la réalisatrice autrichienne Marie Kreutzer se penche sur le destin de l’Impératrice Élisabeth d'Autriche, plus connue sous le diminutif de Sissi. Qu'on se rassure, le film n'a cependant rien à voir avec les célèbres Sissi des années 50; il est en effet plus à classer dans la catégorie « cinéma d'auteur ». Les libertés prises par Kreutzer sont d’ailleurs assumées puisque le film n’est ni au service d’une stricte réalité biographique, ni fait pour plaire au plus grand nombre. Ce qui compte ici, c’est avant tout le propos de la réalisatrice : une dénonciation intemporelle de la tyrannie de l'image (que l’on se doit de projeter) et des contraintes sociétales liberticides (principalement imposées aux femmes).
L'ensemble est servi par une Vicky Krieps impeccable, une très belle photo (signée Judith Kaufmann) et une mise en scène tout en précision et en rigueur, qui semble en permanence chercher à se libérer sans jamais y parvenir totalement. La réalisation semble d’ailleurs contribuer à corseter Sissi, à l’étouffer discrètement, à la plonger dans un état mélancolique quasi permanent. L’usage d’anachronismes vient renforcer ce sentiment : en faisant réinterpréter des chansons du XXe siècle par des personnages du film (le plus bel exemple est la très belle reprise As Tears Go By), la réalisatrice introduit un sentiment d’intemporalité particulièrement troublant. Mais si l’image et le son s’associent pour montrer l’implacabilité de ce corsetage, l’usage diégétique du cinéma est tout autre : c’est en effet lorsqu’elle est filmée par un personnage du film (par un dispositif bien évidemment non sonore) que l’impératrice peut enfin hurler ce qu’elle veut à la face d’un spectateur (et donc d’un monde) qui ne peut pas l’entendre. L’impératrice est prisonnière de ses contraintes, et ses instants de libertés sont limités à ces quelques minutes filmées par l'inventeur Louis Le Prince. Ne lui reste donc que l’issue qu’elle se choisit, dans une dernière scène libératoire filmée de manière onirique, malgré son caractère intrinsèquement tragique.

18 mars 2022

★★★½ | Great Freedom (Große Freiheit)

★★★½ | Great Freedom (Große Freiheit)

Réalisation: Sebastian Meise | Dans les salles du Québec le 18 mars 2022 (Mubi)
Dans l’Allemagne d’après-guerre, jusqu’au début des années 1970, Hans est emprisonné à de multiples occasions pour le même crime : il est homosexuel. Le film pourrait donc facilement ressembler à une condamnation de ces lois qui furent longtemps répandues dans nombre de pays (et qui, ne l’oublions pas, perdurent de nos jours dans beaucoup d’autres). Mais la force de Große Freiheit est surtout le basculement vers un sujet plus ambiguë, qui est le rapport à la liberté (ou à l’incarcération / la sanction). Libre, le héros est contraint à des rencontres fugaces dans des toilettes publiques. En captivité, il peut parler, échanger, développer une complicité. Il peut aussi développer des relations charnelles… mais là encore, dans ce cas précis, en faisant très souvent le choix d’être puni en même temps que l’objet de son désir. La dynamique est terrible : plus il est puni par la loi ou l’institution pénitentiaire, plus il peut vivre son homosexualité librement.
Lorsque l’homosexualité ne sera plus un crime, Hans sera libéré avec la certitude de ne plus jamais retourner en prison… du moins pour ce motif. La toute fin du film, que nous ne dévoilerons pas ici, fait basculer Große Freiheit vers une nouvelle interrogation. Est-il avant tout une réflexion sur les conséquences des punitions injustement infligées, ou plutôt sur la force du désir amoureux. Le spectateur sera libre de se livrer aux interprétations de son choix, tant les thèmes abordés, sans en avoir l’air, sont multiples. L’absence d’« interprétation imposée » de l’œuvre est notamment permise par une construction très morcelée, non linéaire, qui privilégie le langage des corps plus que les dialogues, les détails plus que les longs discours, les sensations ressenties plus que l'insistance sur un message à transmettre. Cela n’est pas sans risque : celui de perdre quelques spectateurs en route.
Mais est-il vraiment utile de le préciser : ce petit risque mérite d’être couru !

25 septembre 2015

26 juin 2015

The Great Museum (Das große Museum) **½

The Great Museum (Das große Museum) **½

Le réalisateur autrichien Johannes Holzhausen a profité de la réfection d’une des ailes du Musée de l’histoire de l’art de Vienne pour nous en révéler l’envers du décor. The Great Museum suit pendant plus d’une année, en dehors des heures d’ouverture, le travail et l’implication de ceux qui permettent à cette institution de fonctionner et d’évoluer.

Réalisateur : Johannes Holzhausen | Dans les salles du Québec le 26 juin 2015 (Cinéma du Parc)

8 mai 2015