![]() |
Réalisation : Marie Kreutzer | Dans les salles du Québec le 6 janvier 2023 (Cinéma du Parc) |
L'ensemble est servi par une Vicky Krieps impeccable, une très belle photo (signée Judith Kaufmann) et une mise en scène tout en précision et en rigueur, qui semble en permanence chercher à se libérer sans jamais y parvenir totalement. La réalisation semble d’ailleurs contribuer à corseter Sissi, à l’étouffer discrètement, à la plonger dans un état mélancolique quasi permanent. L’usage d’anachronismes vient renforcer ce sentiment : en faisant réinterpréter des chansons du XXe siècle par des personnages du film (le plus bel exemple est la très belle reprise As Tears Go By), la réalisatrice introduit un sentiment d’intemporalité particulièrement troublant. Mais si l’image et le son s’associent pour montrer l’implacabilité de ce corsetage, l’usage diégétique du cinéma est tout autre : c’est en effet lorsqu’elle est filmée par un personnage du film (par un dispositif bien évidemment non sonore) que l’impératrice peut enfin hurler ce qu’elle veut à la face d’un spectateur (et donc d’un monde) qui ne peut pas l’entendre. L’impératrice est prisonnière de ses contraintes, et ses instants de libertés sont limités à ces quelques minutes filmées par l'inventeur Louis Le Prince. Ne lui reste donc que l’issue qu’elle se choisit, dans une dernière scène libératoire filmée de manière onirique, malgré son caractère intrinsèquement tragique.