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31 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★¾ | Aquaslash

Fantasia 2019 | ★¾ | Aquaslash

Réalisateur: Renaud Gauthier
Fantasia n'est pas le lieu de prédilection pour le cinéma québécois. Pourtant, parmi les rares bonnes surprises fleurdelisées de ces dernières années figurait le très référentiel et plutôt réussi Discopath (présenté à Fantasia 2013, mais que nous avions vu aux RVCQ l'année suivante) de Renaud Gauthier.
Nos attentes étaient donc réelles avec Aquaslash... et elles ont été grandement déçues. Le film ne fait certes qu'1h20, mais il est interminable. Autant le déluge référentiel de Discopathe alimentait la créativité du cinéaste, autant il semble le brider ici et lui imposer des pistes sur lesquelles il se perd: l'humour tombe à plat de manière quasi systématique (on rit tout de même 2 ou 3 fois), le cinéaste n'arrive jamais à s'élever au-dessus de sa potacherie, les scènes gores tant espérées se font attendre pendant une éternité (et manquent d'inventivité), les passages obligés narratifs sont des impasses... 
Heureusement, pour sauver son film du désastre, Gauthier peut compter sur son talent: subrepticement, à l'occasion de petites parenthèses narratives, il nous rappelle son sens de l'image, des couleurs, des formes: une minute par-ci, trois minutes par là, un plan ici, un autre là... mais rien de plus.
Le cinéaste aurait probablement eu assez de matière pour un bon court-métrage. Il a préféré le noyer dans une cascade d'insignifiance qui semble ne plus finir. Dommage.

• Signalons que nous avons vu la director's cut. Nous serions presque curieux de voir la version producteur... Quoi que! En aurions-nous vraiment l'envie?

28 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★★★½ | Idol

Fantasia 2019 | ★★★½ | Idol

Réalisateur: Lee Su-jin
Décidément, Lee Su-jin est en train de devenir le nouveau chouchou de Fantasia. Il y a cinq ans, Han Gong-ju (son premier film) était sur toutes les lèvres; cette année, le cinéaste remporte le prix Cheval noir du meilleur film du festival avec Idol.
En deux films, le cinéaste se place déjà dans le club des excellents cinéastes coréens tant sa maitrise impressionne. Le point de départ du film est simple: un homme politique découvre que son fils est à l'origine d'un délit de fuite. À partir de cela, les personnages se multiplient en prenant tour à tour le rôle principal et nous entraînant dans une multitude d'univers permettant au cinéaste d'aborder un grand nombre de thèmes (enjeux électoraux, lutte des classes, immigration, etc.). L’intrigue assez complexe menace d’entrainer le spectateur dans un tourbillon qui pourrait le perdre, mais il n’en est rien, Lee Su-jin parvenant à trouver le liant qui permet au tout de ne jamais s’effriter. Une mise en scène précise (soutenue par une direction photo très sombre) semble en effet servir de moteur à des personnages très rigoureusement définis. Cela évite au film de partir dans tous les sens: il tisse ainsi un lien entre ses personnages appartenant à cette Corée contemporaine qui semble empreinte d’une grande noirceur (à en croire le cinéma local de ces dernières années).
En complexifiant une intrigue qui devient progressivement de plus en plus difficile à résumer en quelques mots, Lee Su-jin nous livre en fait un instantané distancié et pessimiste. Mais il s’agit plus de l'instantané d’une époque que celui d’une société précise. C’est d’ailleurs peut-être pour cela qu'Idol touche autant... et de manière si universelle!

23 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★★★ | Bliss

Fantasia 2019 | ★★★ | Bliss

Réalisé par Joe Begos
Une jeune peintre en manque d’inspiration goûte à une drogue qui la fait progressivement plonger dans une transe vampirique sanglante particulièrement propice au retour de son inspiration…
Avec un tel sujet, le très sexe/drogue/ rock’n’roll Joe Begos pouvait aller un peu partout et nulle part. Probablement contre son gré, il va plutôt nulle part en enfilant les banalités et lieux communs et prend la direction d’une fin très convenue. Cependant, malgré ses limites et une première moitié de film particulièrement poussive, nous devons reconnaître que ce Bliss mérite qu’on oublie son surplace narratif et sa symbolique lourdingue pour retenir ce qui semble particulièrement intéresser son réalisateur : son crescendo impressionnant de propositions formelles aussi brillantes qu’éprouvantes. Sa capacité à nous projeter entre réel et cauchemar et à rendre la violence fascinante est en effet particulièrement bluffante.
De son côté, l’actrice Dora Madison, qui ajoute un soupçon d’humanité en perdition grâce à sa performance d'écorchée vive dépassée par son regain de création (auto) destructrice, est tout aussi fascinante que les meilleurs moments de ce Bliss.
Très imparfait, un peu long malgré ses 1h20, mais à voir pour quelques poignées de minutes qui font oublier ses faiblesses!

19 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★ | Sadako

Fantasia 2019 | ★ | Sadako

Réalisé par Hideo Nakata
Hideo Nakata a indéniablement marqué le cinéma d’horreur japonais. Non seulement, il a réalisé l’excellent Dark Water, mais il est également à l'origine de Ringu, l'une des franchises les plus connues dans l'univers cinématographique horrifique (pas seulement japonais... il a d’ailleurs réalisé par le passé une suite très satisfaisante du remake américain).
Avec Sadako, film d’ouverture de la nouvelle édition de Fantasia, il nous montre non seulement que le filon est épuisé, mais que son talent s’est envolé avec!
Certes, le film est techniquement irréprochable... mais il n’y a rien d’autre à sauver. Scénario très faible multipliant les coïncidences de manière indécente, personnages transparents et caricaturaux, mise en scène incapable de faire ressentir la moindre tension, musique mal utilisée, dialogues trop souvent risibles qui ne font qu’accentuer notre sentiment de rejet envers cette œuvre clairement dispensable.
On oublie au plus vite...

17 juillet 2019

Fantasia 2019 | ★★¾ | Porno

Fantasia 2019 | ★★¾ | Porno

(Réalisé par Keola Racela)
Une petite ville américaine très chrétienne; une époque révolue où films et pellicule étaient indissociables ; des ados un peu bébêtes mais sympathiques ; un lieu secret dont la découverte va faire ressurgir l’improbable; un film caché au pouvoir maléfique; du gore rigolo; du sexe, mais pas trop... voilà les ingrédients de Porno, sympathique premier film qui se classe d'emblée dans la lignée des comédies nostalgiques maniant le second degré avec un plaisir non dissimulé.
Le genre est assez fréquent à Fantasia, mais le résultat n'est pas toujours réjouissant. Fort heureusement, le réalisateur de Porno ne tombe pas dans certains pièges. Ses clins d'œil sont maîtrisés, son second degré n’est jamais étouffant et ses personnages parviennent à assumer les clichés sans être des caricatures faciles. Surtout, Racela possède un savoir-faire technique et un humour qui rendent le film agréable à voir presque d’un bout à l’autre. Presque… car malgré quelques moments particulièrement plaisants, le film souffre de problèmes de rythme. Le scénario, qui cherche à aller dans plusieurs directions référentielles, finit par se perdre un peu en chemin au point de perdre par moments le metteur en scène. Du coup, celui-ci semble laisser filer certaines scènes pour tout donner (avec talent) sur d'autres (d'un film satanique expérimental à une scène gore testiculaire aussi drôle qu'éprouvante… pour ne citer qu'elles).
Divertissant mais très inégal, Porno a également un autre mérite : il nous permet de découvrir un réalisateur (Keola Racela) très prometteur. Nous avons hâte de le recroiser bientôt… à Fantasia ou ailleurs !