24 juillet 2016

Fantasia 2016: Entrevue avec Gérard Kikoine

Gérard Kikoine, un des meilleurs réalisateurs de films pornographiques de l'âge d’or du X français, est invité par le festival Fantasia pour participer à une table ronde à l’issue de la projection d’un film de montage (À la recherche de l’Ultra-sex). Nous avons eu envie de nous entretenir avec lui de sa carrière et de son rapport au cinéma pornographique… ainsi que de ses meilleurs films.
Nous espérons avec cette entrevue donnera le goût aux cinéphiles qui ne connaissent pas encore les pépites de l’âge d’or du porno français d’oser aller à leur rencontre!

Pouvez-vous nous dire ce que vous êtes venu faire à Fantasia?
J’ai reçu une invitation il y a quelques mois de Simon Laperrière car il avait lu le Kikobook, que je viens de sortir et qui retrace ma vie dans les les films X… ou plutôt les films d’amour. La Cinémathèque va passer un de mes films softs, Lady Libertine, fait pour Playboy Channel, qui est magnifique dans le rendu des images. Ensuite, dimanche, je vais faire une master-class sur mon parcours dans ce métier après la projection à Fantasia de À la recherche de l’Ultra-sex, qui n’a rien à voir avec moi, mais dont je connais les deux réalisateurs.

Nous allons nous aussi parler de votre parcours de cinéaste de films... d’amour!
Oui!!! De films d’amour!!! Je vois que vous avez suivi! (rire)

Nous allons quitter l’esprit Fantasia, qui est un esprit très festif, pour essayer de porter un regard le plus sérieux possible sur votre activité. Je vais toutefois commencer en vous demandant de réagir à une anecdote qui me concerne!
Oui!

Les délices du Tossing est un des premiers films X que j’ai vus lorsque j’étais adolescent. J’ai gardé le souvenir, 25 ans plus tard, à la fois de Kathy Stewart et de son visage lorsqu’elle dit «tossing», mais aussi de certains plans qui alliaient des grands angles avec une lumière très sophistiquée, un peu onirique. J’ai revu le film 25 ans plus tard, et ces souvenirs correspondaient vraiment au film. Comment réagissez-vous à cette petite anecdote?
Je suis ravi car j’ai toujours fait très attention à la direction artistique, à la lumière et au rendu des personnages. Mon discours pornographique passe par des héroïnes et par une direction artistique très poussée. Associer le cul à une atmosphère glauque, à une lumière nase et à des fringues crades, ça ne m’intéressait pas. Pour moi, le cinéma ce n’était pas ça. En plus, Cathy Stewart est charmante… donc autant bien l’éclairer. J’ai aussi eu la chance d’avoir deux chefs opérateurs exceptionnels, Jean-Jacques Renon et Gérard Loubeau. Ils étaient des génies de la lumière! Je parle de «films d’amours» parce que j’aimais ce que je faisais et je travaillais presque toujours avec la même équipe… il y avait donc un amour entre nous, et en plus, nous avions un amour pour le cinéma. Quand on faisait des plans, on se disait «tiens, on va faire un plan à la Welles»… alors bien sûr, nous ne faisions pas du Welles, mais on se donnait des références parce qu’on aimait ça! La lumière, c’était un travail extraordinaire car on avait environ 15 kilos de lumière, alors que sur un film traditionnel il y avait 80 à 120 kilos de lumière, avec un groupe électrogène. Pour notre part nous nous branchions au compteur. Nous n’étions pas en studio. En jouant sur les basses lumières et sur les contrastes, on arrivait à avoir de très beaux résultats. Et la preuve est que vous vous en souvenez 25 ans après! En plus, la chose qui m’émeut le plus dans la vie, c’est un visage féminin. Cathy Stewart avait un visage magnifique! Avec la lumière, on prenait soin des actrices. Ce n’est pas parce qu’on fait un film de cul qu’il faut le faire n’importe comment?

Ce qu’on comprend en voyant vos films, c’est que vous faisiez du cinéma avant de filmer du cul!
Oui, on tournait en 35mm et les films passaient au cinéma! Mon idée était d’arriver au cinéma traditionnel… et j’y suis arrivé. Mais je devais montrer que je savais tourner, que je savais ce qu’était une caméra, qu’il y avait aussi une qualité d’image à obtenir!

Il y avait d’ailleurs à l’époque beaucoup de gens qui avaient déjà œuvré dans le cinéma traditionnel comme des directeurs photos, des réalisateurs, des comédiens parfois… peut-être moins, mais il y en a eu!
Oui, mais c’était surtout vrai pour les techniciens.

Vous-même, vous avez commencé dans le cinéma traditionnel sans être réalisateur. Pouvez-vous nous rappeler votre parcours avant d’arriver à Parties fines, qui est votre premier porno.
Mon père avait une grosse boîte de doublage de films. Comme j’ai brillamment raté mon bac, il m’a dit à 18 ans «tu rentres dans le cinéma». J’ai donc commencé comme monteur son. Ça m’a permis de rencontrer des gens comme Abel Gance, Jean Yanne, Curd Jürgens, Gina Lollobrigida. J’ai bossé avec des gens comme Joël Séria ou Yves Boisset pendant près de 7 ans. Ensuite, après avoir sonorisé quelques films de Jess Franco, à 28, je me suis dit avec des copains qu’on allait faire un film
L'amour à la bouche
érotique: L’amour à la bouche, en 1974. Nous n’avions jamais vu une caméra, mais nous avons la chance d’avoir avec nous des gens de cinéma qui nous ont transmis leur savoir. Ils ont été vraiment géniaux. C’est le premier film pour lequel j’ai fait du montage image. Pour eux, j’étais monteur image aussi… mais en fait je n’avais été qu’assistant monteur image. Or, l’assistant suit les marques du chef monteur, mais il ne monte rien du tout! J’ai donc failli dire que j’étais malade pour laisser faire mon frère, qui était monteur image, mais je m’y suis finalement mis, et c’était génial! J’ai découvert l’impact narratif d’un gros plan par exemple… et tout ça s’est fait finalement sur le tas! Lorsque le film est sorti, nous sommes allés à Cannes au marché du film, nous l’avons vendu, et au retour, je suis tombé sur Claude Mulot / Frédéric Lansac, qui me dit «J’ai vu ton film. Tu as tout fait dessus? Je vais faire un film qui s’appelle Le sexe qui parle, tu veux y participer?» J’ai alors vu mes premiers rushs hard avec des sexes de trois mètres, des foufounes de deux mètres (en français de France, la foufoune est le sexe de la femme, ndlr), des fellations et d’autres choses! C’est comme ça que je suis rentré dans le milieu du hard. Après, ils sont revenus avec Shoking, Les hôtesses du sexe, La grande baise et quelques autres, que j’ai montés. C’était du boulot car Le sexe qui parle avait un million de francs de budget, ce qui était énorme pour l’époque. Le tournage a duré trois semaines!

Au-delà de l’aspect financier, quelle était la différence entre un film porno et un tradi? Quand on revoit certains films pornos de l’époque, il y a une vraie rigueur et un grand professionnalisme!
J’avais des vrais techniciens. J’ai aussi travaillé avec la script de Jean Yanne. Ça leur faisait des heures de travail… car c’était des intermittents du spectacle! Le chef opérateur Jean-Jacques Renon était un génie de la lumière, mais comme il était alcoolique, il ne pouvait plus travailler dans le tradi! Tout de suite, la scripte m’a dit que je devais faire un découpage! J’ai donc vite appris à découper… et on faisait nos films de la même manière que n’importe quel film. 90% des plans que l’on voit dans mes films sont écrits: position de la caméra, déplacement des comédiens, position d’une amorce en premier plan, timing du plan. En plus, au niveau de la pellicule, nous n’avions que 8.000 mètres, alors que sur un film traditionnel ils avaient en moyenne 35.000 mètres! Il fallait donc que ce soit très travaillé en amont. Nous faisions le repérage des décors avec le chef op, l’assistant et la déco. J’avais aussi une styliste. Nous tournions donc en 35mm, avec un décor, un découpage précis, des indications précises… même dans les scènes hard! Parfois il y avait un peu d’improvisation lorsque les acteurs s’emballaient… on allait alors un peu plus vite! Mais je ne pouvais pas laisser tourner la caméra n’importe comment. Il y avait de la pellicule à l’époque!

La vitrine du plaisir
Ça me donne envie de parler de La vitrine du plaisir. C’est une sorte de docu-fiction dans laquelle vous montrez à la fois une journaliste qui vient sur un tournage et qui le fantasme, mais également une partie documentaire sur la réalité du tournage d’Indécences 1930 / Parties fines, dans lequel on voit justement la rigueur d’un tel tournage. Pourquoi avoir fait ce film?
J’étais en train de préparer Indécences 1930. Il fallait trouver les costumes, le décor… en plus j’étais producteur, réalisateur, monteur et régisseur! Pendant la préparation, un type vient me voir en me disant «J’ai appris que tu faisais un film. J’ai deux caméras 16, et si tu veux, je peux te suivre!». IL venait avec la caméra et la pellicule et je m’occupais du développement et la post-prod. C’était Gérard Loubeau, qui est devenu plus tard mon chef op. Il est venu et il a tourné… mais on s’est retrouvés avec des heures de rush, avec des choses très intéressantes, notamment des interviews de Brigitte Lahaie ou d’Alban (Ceray, ndlr), mais il manquait un petit quelque chose. J’ai donc rajouté une histoire, en demandant à ma directrice de production d’interpréter une journaliste qui fantasme sur le tournage d’un film porno! J’ai retourné des scènes avec elle pour créer une histoire!

Vous avez donc ajouté votre touche. D’ailleurs, y a-t-il des points communs entre vos films?
J’aime beaucoup les héroïnes. Dans le ¾ de mes films, on retrouve des héroïnes qui ont des problématiques, que ce soit dans Chaudes Adolescentes, Bourgeoise et… Pute! ou Adorable Lola. Elles sont toujours dans une errance, rencontrent des hommes, et c’est l’errance qui fait avancer le scénario! Ensuite, j’ai aussi fait des films de vacances comme Dans la chaleur de Saint-tropez par exemple, mais j’aime mettre les femmes à l’honneur. Maintenant, dans les films, tu as le vendeur de pizza qui arrive, qui sonne… et «tu peux pas me payer, alors tu me suces!» C’est n’importe quoi!

Justement, qu’est-ce qui motivait votre envie de faire des films d’amour? C’était visiblement l’envie de filmer la femme, mais est-ce qu’il n’y avait pas aussi une envie de filmer le sexe, voire une envie de faire du cinéma de manière libre, peut-être en y ajoutant une réflexion sociétale ou politique?
La liste est complète! Il y a toutes les réponses dans la question! J’ai toujours aimé faire l’amour. J’ai aimé les femmes et les femmes m’ont aimé… et j’ai beaucoup plus appris des femmes que des mecs. En plus, très tôt, j’ai eu des couguars qui se sont confiées à moi! À 17 ou 18 ans j’avais déjà une belle connaissance des femmes! Dans mon panthéon amoureux, j’ai 7 femmes… comme Barbe-Bleu! (rires) Donc, à la base, le sexe ne me faisais pas peur. Mais ensuite, c’est vrai qu’on avait une vraie liberté. On pouvait prendre tous les risques techniques qu’on voulait. On pouvait faire beaucoup de choses… même si je tenais à ce qu’il y ait toujours un sens. Comme dirait l’autre, la différence entre un scénario et la vie, c’est qu’un scénario doit avoir du sens! La vie, c’est plus dur! On avait aussi une grande liberté car nous étions aussi un peu inconscients. Nous avions une confiance en nous incroyable. En plus, personne ne nous jugeait. Maintenant, on juge mes films, mais pas à l’époque! C’était génial. Enfin… sur un autre plan, nous étions des aventuriers, nous étions un peu dans la provocation. Nous sortions des années 60… Ce n’était pas vraiment politique, même si nous voulions un peu choquer le bourgeois. Les gens pensent qu’on ne réfléchissait jamais dans ce genre de films. De mon côté je me forçais à réfléchir et à être un miroir qui réfléchissait les fantasmes des spectateurs. Ce n’était pas des spectateurs de télé. À l’époque, ils s’installaient dans une salle de cinéma et y restaient 1h20. Si mes 22 films ont fait plus de 4 millions d’entrées cumulées, c’est parce que je m’étais fait un nom, et que les mecs qui venaient savaient qu’ils allaient être surpris. Je devais inventer.

Vous parliez de choquer le bourgeois… ça me donne envie de poser une question un peu plus globale sur le cinéma de l’époque, où on peut retrouver des histoires d’inceste ou de viol. J’ai l’impression qu’ils peuvent être abordés de manière un peu anar. À l’opposé, il peut y avoir une réflexion sur le sujet, comme c’est le cas pour Chaudes Adolescentes par exemple. Mais entre les deux, il peut aussi y avoir une sorte de complaisance dans la façon de filmer une certaine violence. On retrouve ça d’ailleurs un peu chez vous, comme dans Adorable Lola par exemple! Je dois vous avouer que ça me dérange un peu plus.
Par exemple?

Les scènes du début, lorsque la jeune femme revient dans la maison avec le jardinier. Il y a un viol qui est très violent et assez complaisant. Ce genre de choses me pose un petit problème!
Ça je le faisais pour réveiller le spectateur. C’était au début du film. C’était une manière d’installer le scénario, mais ce n’était pas bien méchant. Par contre, dans mon premier film, L’amour à la bouche, c’est plus violent. C’est l’histoire d’un mannequin qui aime faire la fête… et à la fin, il y a un viol de deux femmes par quatre bûcherons! C’est d’autant plus choquant que tout le film est une grande balade de ce mannequin qui fréquente des soirées dans des châteaux, à la recherche de son amour perdu. Tout un coup, il y a un viol assez réaliste. J’ai fait ça pour casser ce côté trop gentil! Les bisounours, ce n’est pas pour moi!

Vous faites quelque chose dans cet esprit dans un excellent film qui est Chaudes adolescentes. Pour les gens qui n’ont pas vu le film, ça commence comme une comédie avec une scène avec un aspirateur qui est magnifique. À la fin, on se retrouve avec la fameuse partouze qu’on voit dans tous les films de l’époque, interrompue une première fois, puis les gens changent d’endroit et la partouze reprend… et là, il se passe un truc qui glace vraiment le sang. Ça met très mal à l’aise, et ça fait débander… je trouve ça très courageux!
C’était dans le scénario!

Comment a été perçu le film? Le gens venaient en partie pour la partouze finale, et elle ne va jamais vraiment jusqu’au bout!
C’est marrant car tout le monde me parle de la scène de l’aspirateur qui est devenue mythique, de Marylin Jess qui est formidable… mais c’est bien car vous suivez le scénario! La fin, c’est une fin ambiguë. On ne sait pas si c’est elle ou pas elle! (un homme se fait sucer par une jeune femme masquée, qui pourrait être sa fille… ce qui met fin de manière précipitée à l’orgie, ndlr)

Il y a un vrai malaise…
Je ne sais pas qui est derrière le masque. Pour moi, tel que je suis construit, ce n’est pas elle car je ne suis pas branché inceste. Mais ceux qui sont dans ce genre de chose peuvent croire que c’est elle! C’est ce qui est intéressant! À vous de voir. Faire un film que les gens comprennent, c’est facile. Par contre, ce qui est intéressant, c’est de faire un film qui comprend les gens! Ça c’est autre chose. Je pense que ce film comprend les gens! On peut imaginer une chose ou l’autre… ou être mal à l’aise car on ne sait pas trop si c’est une version ou l’autre! Moi, je sais qu’en tant que réalisateur et spectateur, je pense que la petite joue la provocation jusqu’au bout avec l’aide de son amie pour casser l’histoire entre son père et sa belle-mère qu’elle ne supporte pas! Mais pour d’autres, ça peut
Parties Fines
être elle! J’aime les fins pas toujours évidentes, comme dans Parties fines par exemple. On peut en effet se demander si toute l’histoire s’est bien produite… ou si au contraire il ne s’agit pas d’une invention de la bonne!

C’est intéressant car les gens qui n’aiment pas le cinéma pornographique de l’époque, mais qui ne le connaissent pas particulièrement, imaginent que tous les films se ressemblent!
Oui, car ils pensent qu’on ne réfléchit pas!

Par contre, ces films font quand même surtout l’éloge du plaisir!
Oui!!!

À ce sujet, j’aime beaucoup une scène dans La clinique des fantasmes, qui sera d'ailleurs projeté à la cinémathèque québécoise le 15 août!
C’est formidable!

Dans ce film, il y a une scène avec Brigitte Lahaie et Alban qui vont dans un magasin de vêtement. Il soulève la jupe de Brigitte, se masturbe sur ses fesses, sans la moindre pénétration… mais c’est une scène que je trouve extrêmement jouissive! C’est un plaisir plus cérébral que purement sexuel, et je pense qu’on ne voit plus ça dans les films porno. Est-ce que c’est une scène qui symbolise un peu le cinéma de l’époque?
Je dois vous avouer que c’est un truc personnel. J’ai sauté une copine dans la cabine d’essayage… alors que là c’est dans le magasin! Ça fait partie des fantasmes que j’ai eus ou que j’ai vécus et adaptés. Mais le film dont vous parlez est un scénario allemand, et ils voulaient des trucs un peu tuff avec des gang bangs et ce genre de truc. Moi, je préfère plutôt le mystère, la poésie et la recherche. J’ai essayé de réhabiliter dans sa fonction vitale de plaisir ce genre de cinéma en y mettant de l’affect, du sentiment, de l’humour, du mystère, de la poésie… de la vie! Mais aussi un peu de provocation qui ne passe pas uniquement par de la grosse baise! Par exemple, pourquoi j’ai fait des pénétrations
d’objet? Je le dis dans le Kikobook… c’est parce que la femme se sert de ces objets comme d’armes de plaisir. Elle soumet l’objet. Ce n’est pas l’inverse! Ça me permettait aussi d’avoir des scènes hard différentes des scènes de baise comme les autres! D’ailleurs, la scène de l’aspirateur permet d’introduire une autre scène avec Alban.

Et d’ailleurs, dans le prolongement de cette séquence avec Alban , il y a une éjaculation faciale qui ne ressemble pas à une scène de baise comme les autres. Elle est à la fois très belle et très tendre.
Je vais vous expliquer pourquoi. C’est une scène que j’ai laissé rouler car c’est la première fois qu’Alban avait une scène hard avec Sophie Duflot… et ils étaient comme des fous! Ils faisaient l’amour ensemble pour la première fois, et ils faisaient vraiment l’amour. Quand les acteurs se connaissent, ils sont dans le mentir vrai! En général, on fait ensuite des gros plans sur les visages, puis la fameuse éjac qui est vraie ou fausse si ça foire techniquement! Par contre là, on était dans le vrai, et on le ressent dans le film. On voit vraiment Alban avec les cheveux décoiffés, la narine dilatée… comme un fou! La première scène m’a donc permis d’introduire cette seconde scène où elle joue avec l’aspirateur et la bite d’Alban! Sophie Duflot est une femme incroyable! En plus, elle était vraiment très sympa, drôle… et elle en voulait! Plus elle allait loin, plus elle était contente. Avec l’aspirateur, je l’ai laissée un peu jouer et elle y allait! Quand elle se le met, je lui dis «attends, on va le couper»… mais elle ne voulait pas! Je voyais les lèvres qui vibraient… d’ailleurs, comme je tournais en muet, j’ai refait le bruit des vibrations des lèvres, ça faisait ça (il refait le bruit avec sa bouche, dans l’hilarité générale, ndlr).

Sur ces bonnes paroles, nous allons conclure avec une pensée pour nos lecteurs qui ne connaissent pas bien votre cinéma. Quels sont les films préférés parmi ceux que vous avez faits… et pourquoi?
Vous me demandez de choisir entre mes enfants (rire). Il y a Parties Fines, c’est évident, car la forme et le fond se marient parfaitement bien. Ensuite, il y a Bourgeoise et… Pute! car j’aimais beaucoup Cathy Ménard avec ses grands yeux bleus, mais aussi cette histoire de vengeance où elle prend la place de sa sœur! Et il y a aussi Chaudes Adolescentes. J’adore Marylin Jess qui est géniale dans sa volonté de destruction du couple que forme son père.

En plus, ce film est presque une somme de tout ce qu’on peut retrouver dans le cinéma de l’époque, même au niveau des différents genres abordés… tout en étant à la fois son contraire! Il y a également une scène où on voit Alban en voiture, la nuit, en direction d’une grande maison…
Avec la piscine!

Il y a une lumière incroyable…
La scène de la piscine avec le ballon… C’est très mystérieux! Ce sont les trois films que je préfère. Les autres, je les aime bien… mais ceux-là sont mes trois préférés! J’aime bien aussi L’infirmière, qui est là pour tuer le vieux! J’aime beaucoup également un film qui avait disparu, mais dont j’ai retrouvé le négatif aux États-Unis, et qu’on ne retrouve malheureusement qu’en VOD. C’est le premier que j’ai fait avec la petite Cathy Stewart. Il s’appelait Contrainte par corps avant de sortir sous le titre Jouir, et il est maintenant en VOD sous le titre Deux sœurs lubriques. Mischkind (le distributeur, ndlr) s’est excusé… il m’a dit que c’était un chef-d'œuvre mais que pour la VOD, il fallait trouver des titres qui accrochent. Je l’ai fait en 78. C’est l’histoire d’une schizophrène, écrite par Claude Mulot… J’ai revu le film il y a peu et il est vraiment bon également!

Entrevue réalisée par Jean-Marie Lanlo à Montréal le 23 juillet 2016
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