28 juillet 2014

Fantasia 2014 : Han Gong-ju ***½


Réalisateur : Lee Su-jin

En présentant un drame qui dépasse l'entendement, Lee Su-jin se risquait à perdre ses personnages dans une représentation appuyée du malheur. Il évite heureusement le piège avec une étonnante finesse. Le drame de la jeune Han Gong-ju fait partie d'elle-même, mais le réalisateur sait s'intéresser à elle dans son ensemble, et pas uniquement pour ses souffrances.
Il est donc normal que pour une grande partie du film, le drame ne soit jamais clairement évoqué. Malgré la douleur qui habite le personnage principal, celui-ci n'est pas privé de moments plus heureux, que lui apporte par exemple la musique (importante aussi bien pour le film que pour Han Gong-ju). Certaine scènes clés se font positives, sans que le drame ne soit omis. Cela représente une petite réussite de ton d'une belle subtilité : en cachant longtemps l'essence du drame, le réalisateur prend intelligemment le temps d'installer son univers. 
Le film éprouve toutefois des difficulté pour se dévoiler pleinement. Lorsqu'il adopte une structure en flash-back pour présenter l'essence des événements qu'Han Gong-ju a vécus, l'effet est pataud. Plusieurs de ces retours en arrière n'ont que peu de signification et ne semblent servir qu'à faire patienter le spectateur. Les autres ont un caractère explicatif qui, s'ils servent à informer sur le drame vécu par l'adolescente, bloque la progression du récit. Le cinéaste est toutefois plus adroit et observateur lorsqu'il voit dans la société sud-coréenne un monde hostile à son héroïne. L'une miroite l'autre, amplifiant la portée du récit.
Certaines difficultés dans la structure de Han Gong-ju sont donc regrettables, mais il faut toutefois admettre qu'avec ce premier film, Lee Su-jin force l'admiration et donne espoir en sa carrière future.
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