Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet) est Ministre des transports. Avec l’aide de son directeur de cabinet (Michel Blanc), il doit faire face aux diverses urgences inhérentes à sa fonction tout en essayant de satisfaire à la fois ses convictions et ses ambitions personnelles.
Réalisateur: Pierre Schoeller | En salles le 2 décembre 2011 (Funfilm Distribution)
À partir d’un point de départ passionnant (l’exercice du pouvoir), Pierre Schoeller porte un regard sans concessions et sans raccourcis simplificateurs ou démagogiques sur des hommes tiraillés entre leurs ambitions personnelles et leurs convictions.
Le début, réaliste et bien rythmé, illustre la fonction ministérielle de manière très documentée. Puis, de plus en plus, le film semble s'éloigner de cette réalité pour aller vers une sorte d'abstraction, vers quelque chose qui nous dépasse. Ce sentiment, que parvient habilement à faire ressentir Pierre Schoeller en utilisant notamment une musique parfaitement adaptée, est la grande réussite du film: après nous avoir mis les pieds dans le milieu du pouvoir, le réalisateur semble nous y égarer, nous faire perdre nos repères, nous faire évoluer dans une autre dimension, un monde parallèle de plus en plus détaché de la réalité (la scène de l’accident de voiture, proche du fantastique, est significative). C’est pourtant ce monde, à la fois désincarné et destructeur, qui attend ceux qui s’apprêtent à prendre les rênes de l’État. On peut certes regretter certaines scènes qui alourdissent inutilement le propos (la visite chez le stagiaire, maladroite même si on en comprend la signification), mais L’exercice de l'État n’en demeure pas moins un film passionnant et une réflexion subtile sur un sujet rarement traité avec tant de pertinence au cinéma. On a en effet l’habitude de nous montrer le serviteur de l’État comme profitant de son pouvoir… il n’est peut-être en réalité que la proie d’un appareil étatique bien plus fort que lui.
