27 juillet 2012

Oslo, 31 août (Oslo, 31. august) ***½

En ce 31 août, à Oslo, Anders (Anders Danielsen Lie) sort de cure de désintoxication, passe un entretien d'embauche, revoit sa famille et ses amis... et est tiraillé entre l’attrait du suicide et l’envie de vivre.

Réalisateur: Joachim Trier | Dans les salles du Québec le 27 juillet 2012 (EyeSteelFilm)

Avec Oslo, 31. august, Joachim Trier adapte librement Le feu follet de Drieu la Rochelle en se concentrant cependant sur une seule journée. Entre sa sortie d’une cure de désintoxication et sa forte tentation pour le suicide, nous passons une journée complète avec Anders. Joachim Trier ne se contente pas de dresser le portrait d’un homme ou de porter un regard sociologique sur la désintoxication, mais propose une démarche beaucoup plus ambitieuse. À travers son héros et ses rencontres, le réalisateur (qui s’était déjà fait remarquer avec Reprise) dresse un portrait sans concession des jeunes adultes d’aujourd’hui, qui semblent condamnés à passer des illusions de la vingtaine à l’amer constat de gâchis de la trentaine, et ce, quel que soit le mode de vie choisi. Pour donner vie à l’ensemble, il a recours à un savant mélange d’acteurs professionnels et amateurs et exploite à merveille son sens de l’observation qui donne lieu à des scènes splendides (Anders dans le café, écoutant les dialogues des différentes tables) et débordantes de vie (la dernière partie du film, magnifique, nous faisant passer par différentes étapes d’un bonheur possible). Mais ce bonheur, comme les illusions de la jeunesse, n’est-il pas qu’un moyen de se voiler la face et de nous faire oublier qu’il n’y a plus d’espoir?
Nous devons cependant le reconnaître: Oslo, 31. august n’est pas exempt de faiblesses (chaque personnage semble avoir son utilité, ce qui lui donne un petit côté “porteur de message” un peu trop évident qui vient légèrement contrecarrer ses qualités d’observateur presque instinctif). Mais elles ne sont pas suffisantes pour nous faire bouder notre plaisir et nous empêcher d’apprécier ce deuxième film d’un réalisateur décidément très prometteur!
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