6 juillet 2012

Savages (Sauvages) **½

Deux vendeurs de drogue (Taylor Kitsch et Aaron Johnson) tentent de délivrer leur amie (Blake Lively) des mains d’un dangereux cartel mexicain.

Réalisateur : Oliver Stone | Dans les salles du Québec le 6 juillet 2012 (Universal Pictures)

Aurait-on finalement perdu Oliver Stone? Il semble bien que oui. Longtemps le porte-étendard du cinéma américain, il a perdu beaucoup de son mordant et de son lustre au fil des années, devenant avec Savages un simple émule de Quentin Tarantino et des frères Coen.
Cette adaptation du roman de Don Winslow possédait pourtant toute la matière première pour être un divertissement explosif. Entre le sexe, la drogue et la violence qui coulent à flots, l’effort politique incorrect aurait facilement pu être le Natural Born Killer du 21e siècle.
Si seulement son ton ironique et sarcastique était conservé jusqu’à la fin. Débutant dans la farce et le second degré, l’ensemble tend à se prendre de plus en plus au sérieux. Grave problème... qui se répercute chez les comédiens, dont les gentils sont tous ennuyants et consternants. De quoi leur préférer – comme d’habitude – les diaboliques Benicio Del Toro, parfait en psychopathe sanguinolent, Salma Hayek, surprenante en impératrice sans foi ni loi, et John Travolta, métamorphosé en agent à la moralité versatile.
Enrobant son bonbon dans une surenchère d’effets visuels spectaculaires mais gratuits, le père de Platoon emprunte à gauche et à droite, se débarrassant pratiquement du style qui a fait sa marque de commerce (on y reconnaît tout de même sa propension aux opéras pompeux) pour accoucher d’une production routinière, pas désagréable mais qui finit par traîner en longueur. En débutant dans l’action au lieu d’attendre 45 longues minutes, en réduisant sa narration au strict minimum, en ne cherchant pas à jouer au plus fin avec son final et, surtout, en assumant pleinement son côté parodique, Oliver Stone nous aurait permis de ressortir de Savages avec le sourire aux lèvres, comme c’était le cas 15 ans auparavant avec le jouissif U-Turn. Ce sera pour une autre fois.
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