31 août 2012

Elena ***½

Elena (Nadezhad Markina) aimerait bien que son mari (Andrey Smirnov) aide financièrement la famille de son fils (Alexey Rozin). Peut-être qu’un problème de santé lui permettra de remettre de l’ordre dans ses priorités.

Réalisateur : Andrei Zvyagintsev | Dans les salles du Québec le 31 août 2012 (FunFilm)

Un film comme Elena se savoure sur un écran de cinéma, pas dans le confort de sa maison. Il faut avoir une large vue d’ensemble pour se laisser subjuguer par ce quotidien extrêmement répétitif où rien ne semble se passer. On ressent un sentiment d’oppression que rend bien la mise en scène glaciale d’Andrei Zvyagintsev (The Return) et la musique circulaire de Philip Glass qui épouse, encore une fois, le mouvement des personnages.
Il y a du Bergman derrière cette histoire simple et tragique où la famille divise ses membres. Un vernis qui vole rapidement en éclat à cause de l’argent et qui obligera chacun et chacune à prendre position. L’amour se dérobe au contact des enfants, qui sont souvent irresponsables, et c’est la matriarche qui aura à se mettre en danger – en se sacrifiant – pour assurer la pérennité du clan.
Cette prémisse, pas foncièrement originale, dont la dernière ligne droite semble provenir d’un opus des frères Dardenne, séduit malgré son rythme quelque peu inégal. L’émotion finit par prendre le dessus, étant grandement soutenue par les performances vigoureuses des interprètes. Celle de Nadezhad Markina, qui semble parfois porter le long métrage sur ses épaules, impressionne particulièrement. .
De la banalité naît l’inconfort, latent et généralisé; des bonnes intentions se mutent en tragédies qui obligent la survie, coûte que coûte. Ces réalités sont au cœur d’Elena, parabole éclatante d’une Russie prise entre les héritages d’une mère aimante et communiste qui se met dans le pétrin, et d’un père égoïste et capitaliste, et où aucun n’a pu inculquer à sa progéniture la marche à suivre pour mener une existence heureuse. Chacun devra vivre avec la conséquence de ses gestes, dans un film où la moralité vacille, jusqu’à à la toute fin…
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