Il y a des cinéastes qui traitent toujours du même sujet. David Ayer est passionné par les histoires policières, et cet engouement se manifeste aussi bien dans ses réalisations (Street Kings, Harsh Times) que dans ses scénarios (Training Day, S.W.A.T., Dark Blue). S’il y en a un qui connaît le jeu, c’est bien lui.
Pourtant, cela ne transparaît guère dans End of Watch, qui cumule les clichés et les lieux communs à n'en plus finir. Il a beau renverser les rôles – les forces de l’ordre ne sont plus corrompues mais présentées comme des héros, cela ne change rien. Ses personnages n’ont pas de chair et ne ne montrent aucune émotion. Ils ne sont que des symboles. Jake Gyllenhaal et Michael Pena offrent peut-être des performances convaincues, ils ne peuvent transcender les personnages, au contraire d’un Christopher Nolan par exemple, qui a su élever le genre avec ses Batman.
L’intérêt relatif du film réside ailleurs : dans ses choix esthétiques d’utiliser une vidéo qui participe à l’action, comme toutes celles qui peuplent les émissions de police et Youtube. Mais qui filme? Qui rajoute de la musique? Qui fait le montage? Ce n’est pas important. Le cinéma est dans ce cas-ci un spectacle : violent, brutal, parfois divertissant mais au final assez peu édifiant et mémorable... un gadget dont on fait le tour rapidement et qui finit par lasser bien avant la fin.
On regarde donc End of Watch comme un gros jeu vidéo. Il n'est certes pas du genre à insulter l’intelligence comme Resident Evil et compagnie, mais son impact n’est pas aussi fort qu’escompté. C’est bien dommage, surtout en considérant le talent qui se retrouve devant et derrière la caméra.