28 septembre 2012

Won’t Back Down (On ne cédera pas) **

Une mère monoparentale (Maggie Gyllenhaal) et une professeure (Viola Davis) tentent de réformer leur école, qui est une des plus défavorisées de la région.

Réalisateur : Daniel Barnz / Dans les salles du Québec le 28 septembre 2012 (20th Century Fox)

Que ferait le cinéma hollywoodien sans ses innombrables «histoires vraies»? Rien. Il finirait par les inventer de toutes pièces. Mais comme elles existent, pourquoi ne pas en profiter? Et au passage, diluer le message dans le sucre, le miel, la guimauve, bref, tout ce qui se mange et qui finit par donner mal au cœur?
C’est un peu où se trouve Won’t Back Down du tâcheron Daniel Barnz (Beastly), qui a sûrement regardé l’émission de télévision québécoise Virginie trop souvent, y reprenant les mêmes plans séquences «cheap». Là où la retenue fait du bien (Entre les murs, Monsieur Lazhar, Detachment), le metteur en scène y préfère le lourd mélodrame, la propension à moraliser à qui mieux mieux, à soutirer les larmes maladroitement, à faire réagir pour des riens. Le syndicat – des professeurs - est le mal en personne et c’est aux honnêtes citoyens de le mettre à terre. Une vision particulièrement conservatrice de l’existence qui ne possède ni la finesse ni la pertinence du documentaire Waiting for Superman de Davis Guggenheim.
En dehors de ces considérations politiques où l’aspect cinématographique se fait rarement ressentir, il y a un récit fondamentalement intéressant qui n’a aucun espace pour exister. Les confrontations mordantes finissent par être réduites par l’invraisemblance des situations et la banalité des dialogues. Les personnages héroïques (Viola Davis, qui finit encore et toujours par verser une larme) ou ambigus (Holly Hunter est étonnante dans un rôle extrêmement secondaire) sont souvent sacrifiés pour mettre en valeur la ténacité de la Jamie campée par Maggie Gyllenhaal. Malheureusement, cette dernière ne possède pas un registre de jeu très développé. Là où la tension dramatique est dans le tapis, ses mimiques presque humoristiques nous empêchent de la prendre au sérieux.
Il y a plein de beaux sentiments qui émanent de Won’t Back Down, film de fiction inspiré d’un fait vécu qui est conçu par la droite américaine pour véhiculer ses valeurs traditionnelles. Avec un peu plus de subtilité et de sincérité, il aurait été facile d’embarquer. Mais là, trop c’est comme pas assez.

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