6 novembre 2012

Cinémania 2012: 38 témoins ***½

Réalisateur: Lucas Belvaux

Dès le générique, le film annonce la couleur avec des plans ternes représentant des cargos, des conteneurs, des grues, des rues désertes et enfin un cadavre gisant dans un hall d’immeuble. Tout de suite le décors est planté, mais nous ne sommes pas pour autant dans un polar. Avec 38 témoins, Lucas Belvaux se fait surtout observateur de la nature humaine en s’inspirant d’un fait divers ayant eu lieu aux États-Unis dans les années 60 (le meurtre de Kitty Genovese, devenu par la suite un cas d’école) et nous démontre à quel point la peur, la lâcheté, la honte ou la culpabilité sont universelles.
Après une mise en place aussi rapide qu’efficace, le réalisateur prend le risque de ne pas plaire à tout le monde en raison de choix surprenants. Les acteurs semblent mal à l’aise devant la caméra, les dialogues prennent des allures trop théâtrales et l'évolution de l'intrigue n'est pas toujours crédible, ce qui rend l’ensemble indigeste. Pourtant, avec un certain savoir-faire, Lucas Belvaux parvient à nous entraîner vers l’évidence avant que nous ayons décroché de son film: si aucun de ses personnages n’est réaliste, c’est tout simplement parce qu’ils se comportent comme des fantômes rongés par la honte. De plus, la maladresse du film agit sur nous comme le poids de la culpabilité qui assomme les personnages. En clair, les faiblesses apparentes de 38 témoins parviennent en réalité à provoquer chez le spectateur un état de malaise donnant encore plus de force à son message. Nous finissons donc par en ressortir presque honteux, en nous demandant comment nous aurions réagi à la place de ces 38 témoins. Peut-être aurions-nous également assisté au même crime, en nous donnant les mêmes bonnes raisons de ne pas avoir compris ce que nous voyions... en attendant que les autres agissent pour nous!
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