2 novembre 2012

Tout ce que tu possèdes **

Pierre Leduc (Patrick Drolet), fin trentaine, porte toute la misère du monde sur ses épaules. De plus en plus mélancolique, il abandonne son poste de chargé de cours en pleine session universitaire pour se consacrer à la traduction de l’oeuvre du poète polonais Edward Stachura, suicidé à l’âge de 42 ans. C’est alors que, sous des facettes bien distinctes, le passé refera surface.

Réalisateur: Bernard Émond | Dans les salles du Québec le 2 novembre 2012 (Les films Séville)

Bernard Émond fait indéniablement partie des grands réalisateurs québécois, et son importance dans la filmographie d’ici est incontestable. C’est donc avec regret que nous devons admettre l’évidence: Tout ce que tu possèdes n’est pas à la hauteur de nos attentes. Si le film possède de belles qualités (l’attention avec laquelle il filme ses personnages ou son excellence à filmer un Québec qui aurait presque parfois des allures de San Francisco (référence à Vertigo et à la résurgence du passé?)), nous devons admettre que la liste s’arrête là. Bien sûr, le film fourmille de thèmes passionnants comme l’isolement, la transmission (d’une richesse, d’un savoir, d’un amour), la bonté, la vertu, etc., mais les personnages et le déroulement des événement sont si peu convaincants que cela finit par étouffer toutes les interrogations qu’ils auraient dû susciter. Que le personnage principal soit mélancolique, nous l’avons compris, mais qu’il n’esquisse jamais le moindre sourire (même faux) ou qu’il possède toujours le même masque de désespoir sans la moindre nuance en fait une caricature à laquelle nous ne croyons pas. La grande carcasse molle de Patrick Drolet déambulant difficilement dans les rues escarpées de Québéc ajoute une couche supplémentaire de “je porte toute la misères du monde sur les épaules” qui agit comme la goutte d’eau faisant déborder le vase de notre tolérance.
Des personnages trop typés, un développement de l’intrigue trop maladroit (le triple rapport à la filiation n’est pas introduit avec beaucoup de finesse), quelques effets de suspense presque indécents (le rapport du héros dépressif avec les voies ferrées... suicidera, suicidera pas?) finissent d’enfoncer le clou.
Bernard Émond a l'habitude de traiter de sujets ambitieux et pesants avec plus de finesse... même les grands cinéastes passent parfois à côté de leur film. Tout ce que tu possèdes en est la preuve!
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