16 novembre 2012

L'enfant d'en haut ***

Film vu dans le cadre du FNC 2012

Simon (Kacey Mottet Klein) vit avec sa grande sœur (Léa Seydoux) dans la vallée et partage avec elle une vie misérable. Pour subvenir aux besoins de cet étrange foyer, il va régulièrement “en haut” pour voler du matériel de ski appartenant aux personnes privilégiées fréquentant la station de sports d'hiver voisine.

Réalisatrice: Ursula Meier | Dans les salles du Québec le 16 novembre 2012 (Axia Films)

L’enfant d’en haut, déjà remarqué à l’occasion du dernier festival de Berlin (il a obtenu une Mention spéciale du Jury) porte un regard acéré sur une situation sociale difficile se déroulant là où on l'attend le moins. Non seulement, en effet, Ursula Meier implante son récit en Suisse (pays économiquement privilégié), mais elle le fait en plus se dérouler dans les stations de sport d'hiver helvètes. Les apparences étant parfois trompeuses, l’Eldorado immaculé n'est pas imperméable à la pauvreté. Quelques larcins s’y déroulent, perpétrés par les malheureux vivant à proximité, dans la vallée, entassés dans des immeubles grisâtres. En passant régulièrement de l'un à l'autre, du haut au bas, du luxe à la pauvreté, de la beauté à la laideur, Ursula Meier exacerbe en alternance le mode de vie des nantis et celui des miséreux. Ce contraste entre deux monde si éloignés et pourtant si proches est indéniablement un des aspects les plus réussis du film. Par contre, nous regrettons le manque de rigueur dans la construction du récit. Lorsque, sublimé par la pertinence du regard d’Ursula Meier, il avance naturellement, par petites touches bien senties, le film est irréprochable. Mais lorsqu’il a recours à des artifices scénaristiques, il semble se mettre lui-même des bâtons dans ses propres roues : toutes les situations improbables semblent avoir été imaginées pour leur seule utilité narrative et se concluent de manière encore plus improbable. L'effet induit, en contradiction flagrante avec l'approche naturaliste choisie par la réalisatrice, nous empêche régulièrement d’oublier que nous regardons une fiction (le meilleur exemple est la scène de la promenade en voiture, qui résisterait fort mal à un décorticage analytique!).
Malgré le regard désabusé et sensible porté sur la société, le refus du misérabilisme et le choix pertinent de préférer le constat au jugement, ces petits artifices d’écriture sonnent faux et donne à L’enfant d’en haut des allures de bon film (certes à voir), mais auquel on n’accroche pas autant qu'espéré!
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