11 janvier 2013

Amour ****

Un couple d’octogénaires (Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, tous les deux remarquables) vit paisiblement dans son appartement parisien jusqu’au jour où l’épouse est atteinte par les premiers signes d’une maladie dégénérative. Elle fait promettre à son mari de ne jamais l’envoyer à l'hôpital et de la garder toujours à ses côtés.

Réalisateur: Michael Haneke | Dans les salles du Québec le 11 janvier 2013 (Métropole Films Distribution)

Après avoir suivi le quotidien d’un couple de vieillards amoureux, Michael Haneke filme l’irruption d’une maladie qui va progressivement et inexorablement prendre une place de plus en plus importante dans la vie du couple.
Se refusant à tout effet spectaculaire, il ne filme jamais cette évolution comme un drame qui vient bouleverser le quotidien, mais de manière froide, comme quelque chose de presque banal, provoquant chez le spectateur un sentiment encore plus douloureux que s’il s’était abaissé à la facilité.
Au delà des qualités de mise en scène (a priori distante, mais pourtant capable de générer une forte émotion), le film porte un regard frontal et courageux sur le sentiment de refus indissociable d’une telle situation: placer un proche moribond dans un hôpital revient en effet à refuser d’accepter de voir sa douleur et sa peur de partir seul; d’un autre côté, garder le malade près de soi revient à se comporter presque comme si de rien n’était, et donc à refuser d’accepter la déchéance de l’autre. Sans porter le moindre jugement, Haneke constate une autre possibilité encore plus terrible. Mais cet acte d’une violence terrible est-il vraiment la preuve d’amour indiquée par le titre ? Ne peut-il pas également être considéré comme le constat d'une certaine forme de lâcheté? Il serait simpliste de ne pas prendre en considération (au moins en partie) la deuxième option dans le processus de prise d’une telle décision, forcément difficile!
C’est probablement surtout en raison de ce constat d’impuissance terriblement nihiliste mis en évidence sans le moindre pathos par un Michael Haneke en pleine maîtrise de son art qu’Amour fait si mal!
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