15 mars 2013

Stoker ***½

À la mort de son père, India (Mia Wasikowska) découvre l’existence de son oncle Charlie (Matthew Goode) qui, de retour d’un long voyage, vient loger avec elle et sa mère (Nicole Kidman). L’oncle séduit vite la mère tout en fascinant la fille, qui semble partager avec lui plus qu’un simple lien de parenté.

Réalisateur : Park Chan-wook | Dans les salles du Québec le 15 mars 2013 (Fox Searchlight)

L’annonce du premier film américain de Park Chan-wook (Lady Vengeance, Oldboy) nous avait laissé un peu dubitatif. Serait-il capable de transposer son univers dans le Nouveau Monde sans y perdre son âme? Avec Stoker, il n’abandonne pas ses thèmes de prédilection (la vengeance, la famille) mais édulcore sa représentation de la violence, qui se fait ici moins présente et moins brute. Pour y parvenir, il a recours à une mise en scène très stylisée, aux cadres millimétrés, au montage précis, aux mouvements de caméras parfaitement réglés et à une direction d’acteurs rigoureuse, voire rigide. Le tout donne à son film des allures presque abstraites, déréalisées, qui collent finalement à merveille à la personnalité troublante d’India (Mia Wasikowska, irréprochable… tout comme Nicole Kidman d’ailleurs). Cela lui permet de brouiller le vrai du faux, le fantasme des événements réels, mais aussi de désacraliser la violence, de la banaliser. Cet aspect du film est particulièrement réussi et laisse au spectateur une étrange impression de malaise paradoxalement rassurant (les choses se déroulent en effet suivant une sorte de logique), mais ne parvient pas à effacer quelques faiblesses d’écriture. Entre le flou volontaire et les approximations d’écriture, la frontière est ténue, mais suffisamment palpable pour empêcher Stoker d’être un très grand Park Chan-Wook. Il n’en demeure pas moins un bon premier pas dans le cinéma américain, ce qui ne semblait pas évident pour un cinéaste de sa trempe.
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