12 avril 2013

La cicatrice **½

Un homme (Marc Béland) décide de kidnapper un ancien camarade de classe (Patrick Goyette) qui lui a fait du mal à l’adolescence.

Réalisateur : Jimmy Larouche | Dans les salles du Québec le 12 avril 2013 (Alma Films)

La cicatrice évoque le récent et décevant Maman d’Alexandra Leclère et il débute comme le beaucoup plus réussi Les sept jours du talion de Podz : avec un enlèvement. Le reste est constitué d’ellipses, de sauts dans le temps, de fantômes qui rôdent, d’hallucinations, de rêves brisés et de cauchemars.
Bienvenue dans le premier long métrage de Jimmy Larouche, un cinéaste qui a vu beaucoup de films. Ses influences transparaissent presque dans chaque plan, sans pour autant trop nuire au récit. Comme plusieurs de ses pairs avant lui, il tente d’en faire trop dans son premier effort, livrant ici une réalisation intéressante mais boursouflée et maniérée, à la fois extrêmement réaliste et onirique. Sa magnifique photographie, son rythme posé, la musique évanescente de Jorane et cette caméra qui semble flotter lentement n’enrichissent pas nécessairement la démonstration, surtout lorsque les effets stylistiques prennent le pas sur le scénario.
Ce dernier est d’ailleurs faussement complexe et se veut profond alors qu’il ne l’est pas tant que ça. Cette tendance à souligner au crayon gras et à user de psychologie pour tout expliquer finit par peser sur l’histoire, tout comme les métaphores plus ou moins subtiles sur la violence qui se transmet de générations en générations. Malgré la présence de bons comédiens unis au sein d’une solide distribution, les personnages demeurent superficiels et antipathiques. Dès que l’essai dévoile ses quelques mystères, il est difficile de prendre tout ce qui est arrivé au sérieux tant l’intrigue ne concerne finalement que des enfantillages… aux conséquences pourtant si tragiques, surtout au regard des incidents liés à l’intimidation qui ont bouleversé le Québec ces dernières années.
Manquant un peu de tonus malgré ses flashs ingénieux, La cicatrice ne laisse pourtant aucun doute sur le talent de Jimmy Larouche. Il aurait seulement besoin d’évacuer toute fioriture esthétique, de laisser de côté son désir – conscient ou inconscient – de faire du grand cinéma narcissique pour pousser plus loin ce qu’il a le goût de manifester à l’écran. Il n’est pas loin du but. Un peu de patience... qui sait ce que ça peut donner!
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