5 avril 2013

Leviathan ****

Documentaire sur le quotidien d’hommes qui s’adonnent à la pêche commerciale.

Réalisateurs : Lucien Castaing-Taylor, Véréna Paravel | Dans les salles du Québec le 5 avril 2013 (EyesSteelFilm)

Les documentaires qui ressemblent à Leviathan sont très rares. Alors que les mots sont généralement mis de l’avant, ici il n’y en a pas. Au contraire, ce sont les images qui prédominent. En positionnant leurs mini caméras à des endroits ingénieux (sur les pêcheurs, partout autour du bateau, pratiquement sur les poissons et les oiseaux qui rôdent), les réalisateurs ne lésinent pas.
Les premières secondes, infernales et étourdissantes, nous plongent directement dans le cœur de l’action... dans l’eau et le vent. Un sentiment d’ivresse apparaît, tout comme celui d’être perdu face aux éléments qui se déchaînent. La réalisation, tout bonnement spectaculaire et ponctuée d’impressionnants faux plans-séquences, brille par sa maîtrise technique et formelle. L’utilisation du son est tout aussi sidérante, créant un maelstrom de bruits et de fureur.
Alors que le sujet aurait pu s’épuiser rapidement, on sent que les cinéastes le relancent constamment. En plus d’être un essai anthropologique sur un métier atypique doublé d’une réflexion prenante sur la condition humaine, le documentaire manifeste assez rapidement sa charge environnementale. Elle est féroce, implacable, faisant mal au cœur et à l’âme, comme devant un génocide. Pour leur part les images, suggestives ou pas, s’inscrivent dans l’inconscience pour ne plus jamais en ressortir.
Même s’il est un tantinet trop long et redondant, Leviathan engouffre tout sur son passage, s’avérant être un film d’aventure qui a beaucoup plus en commun avec le septième art de Lynch et d’Herzog que n’importe quel documentaire animalier.
Léviathan est un documentaire à ne pas manquer, qui se retrouvera vraisemblablement dans notre palmarès de fin d’année.
SHARE