22 avril 2013

Livre: L’adolescente et le cinéma. De Lolita à Twilight

(sous la direction de Sébastien Dupont et Hugues Paris; Archimbaud / Klincksieck; 288 pages)

De Lolita à Twillight, la représentation de l’adolescente au cinéma a évolué, tout comme le public auquel les films sont destinés. Initialement objet de désir, l’adolescente est progressivement devenue le public cible.
Pour tenter de comprendre le rapport entre l’adolescente et le cinéma, divers auteurs livrent leurs analyses articulées autour de quatre thèmes: la figure de l’adolescente au cinéma, le "continent noir" de l’adolescence féminine (puberté, sexualité, maternité, pornographie et prostitution), son "continent sombre" (horreur, envoûtement, épouvante, dépression) et les films cultes / initiatiques. Près de 80% des rédacteurs de l'ouvrage étant des psy (au sens large: psychologues, psychiatres ou psychanalystes), les textes sont clairement teintés de ces disciplines. Parmi ces textes, notre attention a été particulièrement attirée par deux analyses psychanalitiques passionnantes (Figures de l’adolescente dans les films d’horreur, de Brice Courty, et Alien(s) ou l'éternel retour des démons de l’adolescence, de Thierry Jandrok).
L’ouvrage n’est cependant pas exempt de reproches. Les textes généralement trop courts nous ont en effet parfois laissés sur notre faim. Nous aurions par exemple souhaité que les textes consacrés à The Virgin Suicides (Puberté et virginité: L’accès à la sexualité adulte, de Marion Haza) ou au film de Benoît Jacquot, L’intouchable (Quand le regard du père change la fille en femme, de Sébastien Dupont), soient plus développés.
Nous aurions également apprécié une plus grande pluridisciplinarité, pourtant annoncée en quatrième de couverture. Certes, les textes de la doctorante en études cinématographique Célia Sauvage (La belle et la bête: smart girls et féminité dans les teen movies) et du professeur de sciences sociales Frédéric Moulène (L’adolescente qu’on prostitue: mettre en scène le plus effroyable des stigmates, à propos de Les enfants volés) sont passionnants, mais ils nous font regretter qu’il n’y ait pas une plus grande diversité d’approches. De plus, un nombre plus important de textes écrits par des spécialistes du 7ème art aurait peut-être permis de sortir des cinématographies exclusivement françaises et nord-américaines et de rendre compte de l’évolution palpable du cinéma contemporain international, qui nous offre un nombre croissant de films sur l’adolescence réalisés par des femmes et n’ayant pas peur d’aborder de plein fouet le thème de la sexualité.
Le livre, malgré ces réserves, n’en demeure pas moins globalement intéressant... même s’il devrait avant tout passionner les amateurs de décorticages psychanalytiques!
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