19 avril 2013

Dans la maison ***½

Film vu dans le cadre du FNC 2012

Un professeur de français (Fabrice Luchini), consterné par la médiocrité de ses élèves, retrouve goût à l'enseignement au contact de l'un d'entre eux (Ernst Umhauer). Il le prend sous son aile et l'incite à développer son talent en le poussant à s’immiscer dans la famille d'un de ses camarades pour faire de la vie d'une famille de la classe moyenne le sujet de ses dissertations. Mais l'élève ne limite pas son rôle à celui de simple observateur.

Réalisateur: François Ozon | Dans les salles du Québec le 19 avril 2013 (Les Films Séville)

Le sujet du dernier film de François Ozon était un beau point de départ pour un thriller psychologique, mais le réalisateur français a préféré opter pour une approche plus près de la comédie acide, épaulé par un Fabrice Luchini plutôt sobre (pour Fabrice Luchini), des dialogues ciselés et d’amusants clichés assumés et fournis à la tonne. Que l'on n'imagine pas pour autant que Dans la maison soit une comédie vaguement parodique de plus. François Ozon profite en effet de son film pour déconstruire son scénario, le mettre à plat et le reconstruire sous les yeux (et avec la complicité) du spectateur, allant même jusqu’à réécrire certaines scènes ou certains personnages au besoin. En plus d’être ludique et divertissant, ce procédé permet à Ozon de s’amuser à nous dévoiler les ficelles de son métier, c’est à dire les petits trucs qui permettent à un film d’intéresser son public. Mais tout ceci n’est jamais trop sérieux et le cinéaste n’hésite pas à en faire trop ou à pousser le bouchon vers l’improbable. Comme il a réussi à nous mettre de son côté, non seulement nous acceptons les petits excès, mais en plus nous les apprécions et en redemanderions presque!
J’oubliais... Dans la maison parle aussi et surtout de manipulation: le professeur manipule son élève, à moins que ça ne soit l’inverse, l’élève manipule son ami, et Ozon nous montre comment un créateur d’histoire (en littérature ou au cinéma) peut avoir envie de modeler la réalité à sa convenance et de prendre plaisir à manipuler son auditoire. Le pire, c’est qu’il nous fait aimer ça!
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