(réalisé par Cate Shortland ; DVD disponible au Québec chez Cinéma du Parc le 28 mai 2013)
Dès les premières minutes, nous sommes subjugués par la beauté des images. Mystérieuses, insaisissables, nocturnes, elles semblent nous tirer d’un rêve en même temps que la jeune héroïne (Saskia Rosendahl, magnifique). Petit, à petit, nous comprenons comme Lore la situation: le Führer vient de se donner la mort et le père de la jeune fille, un dignitaire nazi, arrive en pleine nuit pour fuir avec sa famille avant l’arrivée des Américains.
Par la suite, alors que ses parents ont été arrêtés, la jeune fille va devoir traverser l’Allemagne avec le reste de sa famille (quatre jeunes enfants, dont un bébé) pour essayer de rejoindre leur grand-mère.
Alors que les parents sont généralement vus comme des héros par leurs enfants, le film nous rappelle que la réalité est parfois plus cruelle. Lore en fait la triste expérience et voit toutes ses certitudes s’écrouler à l’occasion de ce parcours à travers une Allemagne au bord du gouffre. Ses parents lui ont inculqué de fausses valeurs, les héros d’hier sont loin d’être irréprochables et les juifs ne sont pas les sous-hommes qu’on lui avait décrits. Cette prise de conscience terrible, associée à la difficultés de sa tâche (traverser sans véritables ressources un pays meurtri en compagnie de jeunes enfants) transforme ce qui aurait pu être un voyage initiatique en une sorte de voyage de réinitialisation, tant tout ce croyait savoir Lore s’avère faux.
Alors que les parents sont généralement vus comme des héros par leurs enfants, le film nous rappelle que la réalité est parfois plus cruelle. Lore en fait la triste expérience et voit toutes ses certitudes s’écrouler à l’occasion de ce parcours à travers une Allemagne au bord du gouffre. Ses parents lui ont inculqué de fausses valeurs, les héros d’hier sont loin d’être irréprochables et les juifs ne sont pas les sous-hommes qu’on lui avait décrits. Cette prise de conscience terrible, associée à la difficultés de sa tâche (traverser sans véritables ressources un pays meurtri en compagnie de jeunes enfants) transforme ce qui aurait pu être un voyage initiatique en une sorte de voyage de réinitialisation, tant tout ce croyait savoir Lore s’avère faux.
Pour donner de la force à ses propos, Cate Shortland prend le risque de continuer sur sa lancée. Les images improbables ont les mêmes caractéristiques qu’au début et leur refus de réalisme contribuent à nous plonger aux côtés de Lore dans ce mauvais rêve qui semble ne pas vouloir s’arrêter. La saturation des verts donne au paysages des allures trop rassurantes pendant que les forts contrastes font ressortir la crasse des mains, des visages et des bâtiments détruits. De plus, la mobilité parfois fragile du cadre, quelques ralentis parfaitement maîtrisés et des gros plans qui nous entraînent parfois tout près de l’abstraction graphique accentuent notre sentiment de voir la réalité nous échapper.
Alors que la proposition visuelle pourrait faire sombrer le film dans un maniérisme inapproprié à son sujet, Cate Shortland réussit l’inverse. Ses images magnifiques nous aident, paradoxalement, à percevoir ce monde qui n’a plus ni repères ni logique comme le perçoit Lore. Elles contribuent à faire de ce film (par ailleurs magnifiquement interprété par une jeune actrice que l’on espère revoir bientôt) une oeuvre à ne pas manquer. Si vous êtes comme nous passé à côté il y a quelques semaines, la sortie du DVD est l’occasion parfaite de lui donner une nouvelle chance.