1 novembre 2013

Dallas Buyers Club ***

En 1986, Ron Woodroof (Matthew McConaughey), un hétérosexuel texan à tendance homophobe, se voit annoncer qu’il est porteur du VIH. Alors qu’on ne lui prévoit que quelques jours à vivre, il trouve des traitements non autorisés sur le sol américain et décide illégalement d’en faire l’importation.

Réalisateur: Jean-Marc Vallée | Dans les salles du Québec le 1 novembre 2013 (Remstar)

Avant tout, il convient de signaler l’importance de la prestation de Matthew McConaughey. Il a certes perdu beaucoup de poids pour son rôle (il ne sera d’ailleurs ni le premier ni le dernier dans ce cas), mais contrairement à beaucoup d’autres, son nouveau physique apparaît plus comme un évidence que comme un simple performance. La force avec laquelle il incarne son personnage prend alors le dessus sur toute autre considération et sa perte de poids devient très vite purement anecdotique.
Le film tournant autour de son personnage, la puissance de son interprétation représente un atout non négligeable mais le sujet n’en demeure pas moins à haut risque. Pour un premier pas en domaine étasuniens, Jean-Marc Vallée n’a pas choisi la facilité, d’autant plus que la liste des ingrédients qui composent le film avait tout pour en faire un film nauséabond à force de vouloir trop en mettre: une lutte impossible contre la mort, un homophobe atteint du Sida et un discours trop américain jusque dans la caricature (l’épanouissement par le commerce, la rédemption, la lutte pour le bien qui permet une amitié impossible (avec un travesti, qui est cependant surtout au départ un associé… on retrouve par ce biais l’importance des affaires!) et la lutte contre une administration sclérosée). Étrangement, le résultat parvient à passer à côté de tous les écueils qui semblaient inhérents à son propos!
La qualité du scénario y est pour beaucoup. Sans fioritures ni états d’âmes, il bénéficie également d’une écriture dont les ellipses narratives exponentielles donnent au film un rythme très particulier. L’angle d’approche est aussi parfaitement choisi. Moins que la souffrance d’un homme, c’est surtout son action qui intéresse les scénaristes (sa lutte pour la mise en place de sa petite entreprise qui se transforme de plus en  plus en oeuvre d’utilité publique… contre la volonté des services publiques!), ce qui permet au film d’éviter les scènes trop artificiellement mélodramatiques.
Pour faire tenir le tout, Jean-Marc Vallée signe une mise en scène impeccable, accordant une place fondamentale au langage des images et du son, qu’il dompte ici à merveille.
Le résultat se laisse voir comme un polar bien rythmé, captivant d’un bout à l’autre… mais c’est peut-être justement son petit point faible. À force de tout faire pour ne pas produire un tire larme de plus, Jean-Marc Vallée nous livre un film peut-être un peu trop froid et détaché d’un sujet important (l’impact de la maladie sur toute une communauté). On pourra rétorquer que le sujet du film était ailleurs… mais au delà de l’aspect purement individuel, le film aurait gagné à porter un regard plus global sur le drame et l’angoisse qu’a connue tout une partie de la population mondiale durant les années 80 / 90. Mais bon… Jean-Marc Vallée a voulu faire un film made in USA, le pays où l’individualisme est roi! Vu sous cet angle, il a réussi son pari!

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