10 janvier 2014

A Touch of Sin (Tian Zhu Ding) **½

Dans une Chine bousculée par les changements socio-économique, quatre histoires de personnes esseulées se terminent dans la violence 

Réalisé par Jia Zhangke | Dans les salles du Québec le 10 janvier 2014 (EyeSteelFilm Distribution)

On retrouve rapidement la marque de l’auteur en visionnant A Touch of Sin. Jia Zhangke y fait, à son habitude, le portrait d’une société en perte de repères et suit de près des personnages placés au cœur du changement. Toutefois, en proposant plusieurs récits séparés en épisodes reliés seulement par leurs thèmes, il est plus conceptuel qu’à l’accoutumée. L’intention est claire… peut-être même trop, la violence vers laquelle chacun des récits mène apparaissant comme une fatalité. Le résultat en souffre. 
Ce n’est pas que le réalisateur soit en perte de moyens, tout au contraire. Sa mise en scène, parfaitement maîtrisée, multiplie les plans longs aux cadrages précis et aux mouvements fluides. Jia Zhangke traite son sujet avec le ton voulu, ne cachant pas le caractère absurde de plusieurs développements, traités de manière parfois drôle ou déstabilisante. Par sa violence affichée, son film semble être moins posé que ses autres œuvres, mais il prend tout de même le temps d’installer ses scènes et les motivations de ses personnages sans précipitation.
Pourtant, malgré le talent évident de l’artiste, il est lui-même prisonnier du concept qu’il s’est imposé. Rapidement, A Touch of Sin donne non seulement l’impression de ressasser les thèmes de son réalisateur, mais il se répète également très rapidement en lui-même. Chacun des récits s’empile l’un sur l’autre sans rajouter au précédent, de sorte que dès les premières minutes, le film a déjà fait l’étendue complète de son discours. Le réalisateur est talentueux et en fait régulièrement la preuve, mais il ne transcende jamais les contraintes de son concept. Le résultat n’en est que plus décevant.
SHARE