10 janvier 2014

Her (Elle) *½

Théodore (Joaquin Phoenix) a du mal à vivre sa séparation. La signature de ses papiers de divorce coïncide avec une nouvelle relation avec la plus qu'énigmatique Samantha (Scarlett Johansson), un système d'opération virtuel. Des liens profonds se tisseront entre les deux êtres.

Réalisateur : Spike Jonze | Dans les salles du Québec le 10 janvier 2014 (Warner Bros)

Quatre ans après le lumineux Where the Wild Things Are (***½), Spike Jonze nous revient avec Her, premier long-métrage dont il signe entièrement la scénarisation. L'œuvre possède tant de qualités qu'il est dommage de la voir s'effondrer dès le premier tiers. Une fois de plus, le réalisateur nous livre un film au style visuel enchanteur (bien qu'il ait souvent des allures de publicités de luxe). De plus, Spike Jonze peut compter sur une distribution talentueuse (Joaquin Phoenix, Amy Adams , Rooney Mara et Scarlett Johansson).
Her parvient habilement à nous projeter dans un futur pas si éloigné. D'ailleurs, l'importance qu'occupe la technologie dans le quotidien de Théodore est à la fois inquiétante et crédible. Pourtant, le fil narratif est si mince (la désintégration de son mariage et sa relation avec Samantha) que le film ne parvient pas à sortir des conventions. Le ton qui oscille difficilement entre comédie et mélodrame n'aide pas la cause.
La prémisse était pourtant très ambitieuse. Samantha, ce système qui est en soi-disant constante évolution, se transforme graduellement en un personnage féminin des plus banals. La relation qu'entretient Théodore avec elle perd vite de son étrangeté, d’autant plus qu’on apprend que plusieurs personnes entretiennent ce genre de relation homme/machine.
Pourtant, Spike Jonze amorce des éléments intéressants qui seront trop peu développés par la suite. Il est question de connaissance du monde, de la nature de l'être humain, d'un apprentissage constant et simultané. 
Au final, il est dommage de constater que l'intérêt réel se trouve dans le hors champ. À travers ce qu'on ne voit pas, ce qui est non dit, la conscience évoluée de cette technologie n'est jamais accessible au spectateur. Le réalisateur éveille ainsi notre curiosité, mais on aimerait en savoir plus sur ces systèmes dotés d'intuition, ayant la capacité de prendre seuls des décisions et principalement la capacité d'aimer. Spike Jonze avait toutes les cartes en main pour créer quelque chose de grandiose. Il s'est contenté de nous servir un mélange de comédie romantique futuriste et de mélodrame quasi complaisant. Tout le reste demeure un peu trop virtuel.
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