11 avril 2014

Tel père, tel fils / Like Father, Like Son (Soshite chichi ni naru) ****

Deux enfants échangés à la naissance passent les fins de semaine dans leur nouvelle famille afin de s’habituer à leurs nouveaux milieux.

Réalisateur : Hirokazu Kore-eda | Dans les salles du Québec le 11 avril 2014 (Métropole Films)

Un film d’Hirokazu Kore-eda ressemble à un cadeau de Noël : on pourrait en recevoir plusieurs et être tout le temps au nirvana. Entre deux étonnantes explorations (comme Hana, son film de samouraï mélancolique, et Air Doll qui portait sur le quotidien ambigu entre un homme et une poupée), il revient à ses thèmes de prédilection: la famille, les relations difficiles entre les gens et principalement le clivage entre les parents et leurs enfants. C’était le cas de ses chefs-d’œuvres Nobody Knows et Still Walking et c’est également ce qui se trouve au cœur de Tel père, tel fils.
On sent cependant ici que le cinéaste nippon n’hésite pas à y insuffler une bonne dose de sentimentalité qui, sans verser dans le mélodrame, peut être surprenante chez lui. Ce serait oublier qu’il a réalisé I Wish en 2011 où déjà, son style s’avérait moins cérébral, plus accessible. À partir d’une histoire qui ne fait pas nécessairement dans l’originalité (on n’a qu’à penser au beaucoup plus ordinaire Le fils de l’autre de Lorraine Levy) mais dont le scénario intelligent est richement écrit, Kore-eda signe une œuvre universelle et extrêmement touchante, qui fait allègrement pleurer dans sa dernière partie. Sa démarche, profondément humaniste et d’une sensibilité à fleur de peau, se concentre sur ses personnages qu’il dépeint avec une finesse inégalée, les inscrivant au sein de différentes classes sociales sans jamais forcer le trait de la caricature. Sa mise en scène précise et discrètement symbolique est au service de ses interprètes, tous épatants et criants de vérité.
Débutant tout en douceur et en simplicité pour ouvrir de plus en plus de portes sur la famille recomposée et les liens du sang, Tel père, tels fils est un petit bijou qui fait un bien fou. En remettant le prix du Jury à Cannes en 2013, Steven Spielberg a promis d’en faire une nouvelle version. En attendant le remake, il ne faudrait pas manquer ce qui est déjà un des meilleurs films de l’année.
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