11 avril 2014

La jalousie ****

Critique rédigée dans le cadre du FNC 2013

Louis (Louis Garrel) quitte la mère de son enfant et se met en ménage avec Claudia (Anna Mouglalis). Mais celle-ci rencontre un autre homme…

Réalisateur: Philippe Garrel | Dans les salles du Québec le 11 avril 2014 (FunFilm)

Même si on aime bien Philippe Garrel, il faut bien admettre que sa longue carrière n’a pas été sans quelques faux-pas. Avec La Jalousie, il nous livre un court film tout en beauté et en simplicité, particulièrement réjouissant et qu’il faut absolument conseiller à ceux qui ne l’apprécient pas (il y en a!).
Ce qui frappe d’emblée, c’est la beauté des images de Willy Kurant, qui servent à la perfection une mise en scène tout en maîtrise. Mais La jalousie n’est pas qu’un film aux belles images en noir et blanc! Sa force réside aussi dans la sobriété et la justesse des dialogues, la qualité des acteurs (Louis Garrel y est d’un naturel confondant) ou (surtout) dans la maîtrise de l’art de l’ellipse. Un couple se sépare dans une scène. L’un de ses membre est déjà en ménage dans la suivante, puis une aventure les sépare avant qu’un drame n’intervienne, etc. Les éléments s'enchaînent dans ce film de moins d’1h20 avec une vitesse impressionnante, sans jamais pour autant nous donner l’impression de ruptures. Au contraire, Philippe Garrel filme un ensemble d’une grande cohérence. Il trouve dans sa narration la moyen de se faire le témoin de la vitesse avec laquelle un vie peut se dérouler. Un bonheur qui semble éternel peut avoir une fin, le drame intervient sans prévenir, ce qui semblait fatal peut ne pas l’être, et le tout s’enchaîne dans la plus grande incertitude. Heureusement, l’espoir est là. Et s’il est parfois déçu, il peut revenir sous une autre forme…
Le dernier film de Philippe Garrel ressemble donc à la vie: beau et imprévisible, comme elle, mélangeant lui aussi légèreté et douleur, il file également à toute vitesse et nous semble trop court. Mais si, justement, c’est ce qui faisait leur beauté?
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