Un délit de fuite qui a blessé grièvement un cycliste a des répercussions sur deux familles de classes sociales différentes.
Réalisateur : Paolo Virzi | Dans les salles du Québec le 12 décembre 2014 (Axia Films)
Le point de départ rappelle énormément Mort d’un cycliste, cet excellent film que Juan Antonio Bardem (l’oncle de Javier) a tourné en 1955. Les classes sociales en prendront pour leur rhume et ce sont évidemment les plus faibles qui en payeront le prix.
Cependant, au lieu de se dérouler dans le présent, Les opportunistes opte la plupart du temps pour le passé, multipliant les ellipses et les répétitions en suivant trois personnages importants, un peu à la manière de Rashomon. Le procédé a fait ses preuves et éclaire la situation, mais il paraît un peu mécanique, superficiel et trop explicatif. D'autant plus que la réalisation de Paolo Virzi, lustrée mais impersonnelle, manque de verni pour la rendre complètement opérante.
Le scénario à tiroirs ne lésine pas sur les clins d’œil réussis (à La peau douce de Truffaut, par exemple) et sur les clichés plus grossiers, créant un puzzle géant généralement intéressant bien qu’il se devine longtemps d’avance. Les scènes fortes sont cependant peu nombreuses et il faut attendre la seconde moitié du récit pour les découvrir. En faisant des liens avec la récente crise économique, la prémisse ne manque pas d’impact mais s’avère pourtant frêle à côté de celle beaucoup plus immense de La question humaine de Nicolas Klotz.
Bien défendu par des comédiens expérimentés qui savent tirer les bonnes ficelles pour transcender leurs stéréotypes (pour une fois, Valeria Bruni Tedeschi n’en fait pas trop), Les opportunistes demeure au final un long métrage compétent mais artificiel, bien de son temps sans toutefois savoir comment élever les enjeux moraux de son histoire.
L’Italie se retrouvera-t-elle aux Oscars avec cette sélection? Nous n'en sommes pas certains!