Deux quadragénaires qui acceptent mal de vieillir se lient d’amitié avec un couple beaucoup plus jeune avec lequel il noue une relation particulière.
Réalisateur : Noah Baumbach| Dans les salles du Québec le 10 avril 2015 (Remstar)
C’était une bonne idée d’aborder la crise de la quarantaine du point de vue d’un couple heureux en ménage mais qui, ayant choisi de ne pas avoir d’enfant, peine à entretenir les liens avec leurs vieux amis qui ont tous fondé une famille. Non seulement l’approche est originale, mais elle pose également des questions fondamentales. L’admiration soudaine que leur voue ce jeune couple amène nos protagonistes à s’interroger sur les raisons qui ont motivé leur choix de vie; la quête de l’éternelle adolescence n’est pas sans conséquences. À ce sujet déjà riche s’ajoute une réflexion sur l’art, les deux hommes ayant une passion commune pour le documentaire qui finira par les opposer.
Noah Baumbach (The Squid and the whale, Greenberg) reste dans ses thèmes de prédilection avec cette histoire d’adulescents qui refusent d’entrer dans le moule. Son approche sophistiquée s’inscrit dans le registre du film d’auteur et on y reconnaît l’influence de Woody Allen (en particulier celle d’Hannah et ses sœurs à travers le métier de documentariste que pratique Josh). Du côté des acteurs, si les trois plus connus (Ben Stiller, Naomi Watts et Amanda Seyfried) s’acquittent honorablement de leur tâche, c’est Adam Driver qui tire le mieux son épingle du jeu dans le rôle d’un jeune ambitieux opportuniste et flagorneur.
Malheureusement, le sujet prend toute la place et empêche l’histoire de trouver sa propre respiration. On sent l’intention derrière chaque scène et l’idée est parfois si appuyée que le décrochage devient inévitable. De plus, le scénario colle trop au schéma classique du drame sentimental pour échapper aux clichés du genre, donnant l’impression que le réalisateur/scénariste abdique à mi-parcours. En effet, à mesure que la situation se complique, le discours sur l’art se substitue au thème du vieillissement, ce qui réduit le propos du film à un simple exposé sur les liens qu’entretiennent utopie et nostalgie.
Tout cela est dommage car la prémisse s’annonçait prometteuse... et fait d'autant plus regretter une finale archi-convenue: on n’aborde pas une question à ce point délicate pour conclure avec une réponse aussi simple!