15 juin 2015

Livre: Les nouvelles pratiques cinéphiles

(coordination: Jean-Paul Aubert, Christel Taillibert; L’Harmattan; 314 pages)

Dans ce nouveau numéro de la revue Les Cahiers de Champs Visuels, des universitaires se questionnent sur «l’évolution du rapport des cinéphiles à l’objet cinéma selon une perspective sociologique». À une époque où les modes de diffusion (aussi bien de la critique que des films) sont en pleine évolution, cette étude est d’autant bienvenue qu’elle permet d’aller à l’encontre de certaines idées reçues.
Parmi les sujets abordés dans cet ouvrage, nous en retiendrons dans un premier temps deux qui traitent de manière complémentaire l’épineux sujet du téléchargement illégal.
Dans son article Télécharger: envers et malgré tout. Une pratique cinéphile?, Frédéric Gimello-Mesplomb se consacre à l’aspect positif du téléchargement (son rôle dans le développement de la cinéphilie). On aurait apprécié qu’il élabore davantage certains aspects (et qu’il en nuance d’autres), mais son étude n’en demeure pas moins très intéressante.
Avec son excellent Des films rares au P2P: cinéphilie pirate et nouvelles technologies médiatiques, Caroline Renouard aborde le même sujet en se focalisant sur la pratique du «repack», qui consiste à proposer des films rares avec une valeur ajoutée (amélioration de la qualité, ajout de sous-titres, etc).
Toujours dans le domaine des pratiques numériques, Christel Taillibert s’intéresse avec Les nouveaux festivaliers «on line»: une étude quantitative du public de My French Film Festival au concept de festival en ligne (ce qui le caractérise, ses avantages, etc.) avant de dresser un portrait des cyberfestivaliers du festival étudié. Les questions qu’elle se pose à propos du phénomène et des perspectives qu’il représente pour la cinéphilie mondiale nous semblent particulièrement pertinentes.
Sans faire une recension complète des différentes interventions, nous ne voudrions pas clore ce court article sans citer une analyse sociotechnique des usages des blogues par Manuel Dupuy-Salle (La dimension communicationnelle des cinéphilies ordinaires contemporaines: Quatre logiques d'action individuelles à l'oeuvre dans les blogs), ou une étude proposée par Yohann Chanoir sur le phénomène du fanzine, toujours aussi répandue en France malgré le développement d’internet (Le fanzine ou la pratique plastique de la cinéphilie).
Si d’autres textes ont un peu moins attiré notre attention (et si certains peuvent sembler moins pertinents que d’autres aux yeux du lecteur québécois), ce tour d’horizon des mutations en oeuvre entre le monde du cinéma et les spectateurs est non seulement intéressant, mais également indispensable pour nous aider à comprendre les nouvelles pratiques cinéphiles.
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