8 novembre 2015

Cinemania 2015 : La peur ***

Réalisateur : Damien Odoul

En 1914, en pleine effervescence patriotique, Gabriel s’engage pour aller au front, au grand dam de sa famille et de son amoureuse Marguerite. Adapté du roman de Gabriel Chevalier qui s’était inspiré de sa propre expérience de soldat au cours de la Première guerre, La peur impressionne autant qu’il agace.
Malgré la beauté sidérante de certaines séquences (celles aux tranchées par exemple, ou encore ces quelques échappées malickiennes), La peur n’arrive pas toujours à surmonter le simplisme de son discours anti-guerre ou encore les clichés (l’ami poète pas fait pour la guerre, l’histoire d’amour…). Il faut dire que ces défauts sont rehaussés par une narration off particulièrement agaçante, à travers laquelle Gabriel fait état de son désenchantement grandissant et de son amour pour Marguerite. On aurait souhaité que Damien Odoul délaisse le texte (trop littéraire, avec lequel ses acteurs ne sont pas toujours à l’aise et souvent là pour rappeler ce que l’image dit déjà) et qu’il affiche une plus grande confiance dans ses images. Elles parviennent en effet à elles seules à exprimer avec une rare puissance ce sentiment de folie meurtrière et de dévastation en temps de guerre.
Malgré ces faiblesses, le film parvient pourtant à captiver, dépeignant avec force le processus d’une déshumanisation lente et terrible. Sur un ton réaliste, le film ne nous épargne aucune horreur de ce chaos et n’omet aucune détail dans sa représentation de l'enfer quotidien traversé par les soldats (le manque alimentaire, les corps mutilés, les champs jonchés de cadavres, la folie qui s’empare de certains).
Comme le dira Gabriel à un prêtre qui vient le visiter à l’hôpital « la guerre a tué Dieu ». Au tout début du film, ce même Gabriel imaginait la guerre « comme un grand spectacle à ne pas manquer »… La peur filme ce basculement, au plus près, et dans toute sa cruauté.
L'avis de la rédaction :

Sami Gnaba: ***
Jean-Marie Lanlo: ***
Martin Gignac: ***½
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