12 novembre 2015

Cinemania 2015: Les anarchistes ***½

Réalisateur: Elie Wajeman

Après des débuts très remarqués (Alyah), Elie Wajeman signe un second film à cheval entre deux genres (le film d'infiltration et la romance), le tout sur fond de reconstitution historique.
Pour l'aider dans sa tâche, il fait appel à une distribution de grande qualité. Elle est composée de deux jeunes acteurs s'étant fait remarquer à Cannes dans un passé plus ou moins récent (Tahar Rahim et Adèle Exarchopoulos), mais également d'une brochette d'acteurs moins prestigieux mais très talentueux (Swann Arlaud, Guillaume Gouix et Karim Leklou). Le réalisateur prend visiblement plaisir à les diriger et en tire le maximum, ce qui est probablement une des grandes forces du film. Cette alchimie permet aux personnages d'être très vite incarnés et crédibles.
Ce n'est bien heureusement pas la seule force du film. Il est en effet également servi par un scénario qui jongle habilement entre les deux genres cités plus haut. Il trouve d'ailleurs un bon équilibre entre les deux, en mettant judicieusement de côté le volet politique. Cet aspect est certes omniprésent mais accessoire, le personnage n'étant pas militant mais flic infiltré... ce que parvient à parfaitement illustrer Tahar Rahim, parfait en homme tiraillé comme jamais entre le devoir et les sentiments. Il semble ainsi flotter entre deux eaux, sans trop savoir ce qu'il veut vraiment. Le film restitue d'ailleurs tellement ce sentiment qu'il prend le risque de ne pas savoir non plus ce qu'il veut être. Pour cette raison, il peut donner l'impression de ne pas avoir l'âme qui aurait pu en faire un grand film. Cependant, c'est justement cette fragilité qui en fait la force et qui nous donne envie de lui pardonner quelques  décisions contestables (un choix de mise en scène ici, un choix de musique là).
Les anarchistes n'est donc peut-être pas une oeuvre majeure, mais un beau film fragile... et finalement particulièrement agréable.
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Sami Gnaba: ***
Martin Gignac: ***
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