6 février 2016

Centre phi: Tangerines (Mandariinid) ***½

(Réalisé par Zaza Urushadze | À voir au centre Phi le 6 février 2016)

Un vieux monsieur réside dans une zone d’affrontements entre Tchétchènes et Géorgiens mais semble moins se préoccuper du conflit que des difficultés rencontrées par son voisin (une production de mandarines si abondante qu’il ne peut la récolter seul). Lorsqu’un échange de tirs laisse comme seuls survivants un soldat de chaque camp, le film prend le risque de sombrer dans l'écueil de la fable philosophico-antimilitariste maladroite.
Pourtant, Zaza Urushadze ne s’embourbe pas dans la mauvaise foi d’un militantisme que la pureté de la cause antimilitariste aveuglerait. Il opte plus (tout comme son héros) pour la voie de la sagesse désabusée et semble surtout vouloir se faire le témoin objectif d’une évidence: rien n’empêchera jamais les hommes de s'entre-tuer (d'ailleurs, les deux ennemis d’hier finissent par s’allier à leur tour pour donner la mort). Avec cette scène, Zaza Urushadze parvient à montrer avec force le caractère irrémédiable de la violence (lorsqu’une certaine logique de conflit s’installe, chacun peut avoir une raison de tuer, ne serait-ce que pour sa propre survie) tout en démontrant dans le même temps le caractère absurde de cette situation.
Au final, ce film servi par de bons dialogues et des acteurs de qualité peut cependant paraître plus appliqué que vraiment talentueux. Il serait pourtant regrettable de passer à côté de la possibilité de découvrir ce film rare, finaliste l'an dernier aux Oscars dans la catégorie «meilleur film en langue étrangère».
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Miryam Charles: **½
Martin Gignac: ****
SHARE