5 février 2016

Fatima ***½

Fatima vit seule avec ses filles de 15 et 18 ans. La première est en révolte contre tout ce qui l’entoure; la seconde entame des études de médecine. Fatima fait tout ce qu’elle peut pour les aider, malgré une situation professionnelle difficile.

Réalisation: Philippe Faucon | Dans les salles du Québec le 5 février 2016 (Filmoption International)

Fatima vit dans un pays qui n’est pas le sien et se cache derrière un voile. Pourtant, ce qui rend difficile son intégration est avant tout sa difficulté à communiquer. Elle maîtrise en effet mal le français et peine pour cette raison à échanger avec ceux qui l’entourent, y compris avec ses propres filles particulièrement bien intégrées. La force de Faucon est d’ailleurs de parvenir à faire d’un personnage a priori effacé et presque transparent le protagoniste principal du film, qui prend une véritable épaisseur au fur et à mesure qu’il trouve le moyen de communiquer d’abord par écrit (dans un petit cahier où il tient un journal poético-intime), puis avec une femme médecin qui comprend sa langue.
La deuxième force de Faucon est d’être parvenu à faire un incroyable portrait de la société (par le biais de Fatima et de sa famille, mais également de ceux qu’elles fréquentent), par petites touches toujours justes et jamais simplificatrices ni manichéennes. Au delà de la radiographie d’une situation nationale, il parvient à atteindre l’universel en évitant de tomber dans le piège du film social pointant du doigt tel ou tel responsable d’une situation difficile. Il préfère montrer à quel point la difficulté de communiquer peut être pour les autres génératrice de peurs liées principalement à l’ignorance, tout en montrant qu’une issue est peut-être possible.
Si le message plaît pour sa pureté et son refus de toute démagogie (mais peut-être aussi pour son optimisme que l’on est toutefois en droit de trouver un peu simpliste), la force de Fatima réside aussi dans la maîtrise de l’outil cinématographique. De manière incroyablement concise, Faucon parvient à enchaîner des scènes qui ont toutes une fonction précise dans sa démonstration, tout en donnant l’impression au spectateur qu’elles ne sont que de petits moments de vies pris presque au hasard. Grâce à cette incroyable maîtrise, il parvient à nous donner sa vision et son analyse d’un problème sans jamais nous faire la leçon… ce qui relève presque de l’exploit!

Lire notre entrevue avec Philippe Faucon 

L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Sami Gnaba: ***
Martin Gignac: ***½
Olivier Maltais: ***½
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