25 mars 2016

Eye in the Sky ***

La colonelle Katherine Powell est aux commandes d’une vaste opération militaire qui a pour but de mettre hors d’état de nuire un groupe de dangereux terroristes installés dans la région de Nairobi, au Kenya.

Réalisateur : Gavin Hood | Dans les salles du Québec le 25 Mars (Séville)

Il y a un an à peine, Andrew Niccol signait Good Kill, drame psychologique intéressant mais par moments lourdement démonstratif dans sa dénonciation des frappes militaires américaines par drones. Là où Niccol privilégiait le huis-clos en se focalisant sur la détresse psychologique d’un militaire confiné dans un conteneur exécutant l’ennemi comme on le ferait dans un jeu vidéo, Gavin Hood opte pour un récit à plus large échelle, projetant son spectateur vers divers personnages localisés entre le Kenya, une base militaire dans le désert du Nevada ou encore une salle de conférence au Royaume-Uni… tant de lieux éloignés, dont les frontières sont abolies dans cette nouvelle forme de guerre technologique qui permet de tout voir et anéantir à partir du dispositif de caméras installées sur ces drones militaires.
Cette abolition des frontières, comme la «légitimité» avec laquelle s’opèrent ses drones pour exécuter une cible, soulève néanmoins son lot de questions (morales, judiciaires, politiques…). Ces interrogations sont au cœur d’Eye in the Sky et lui confèrent un climat de tension et d’ambivalence morale particulièrement fort, ainsi qu’une matière dramatique riche en développements.
Avec son interprétation convaincante et sa mise en scène efficace, Eye in the Sky s’impose comme un thriller honorable. Même s’il pèche par un certain excès de sentiments forcés (la part réservée au début du film à la petite fille innocente, vendeuse de pain qui se trouvera plus tard au mauvais endroit au mauvais moment), Hood a le don de mettre en avant la réflexion suscitée par son récit plutôt que l’action pétaradante.
Bien loin des produits infantilisants hyper-médiatisés qui ne cessent de polluer nos écrans, ou encore de la voie va-t-en-guerre façon Michael Bay et son patriotisme aveugle (lire notre critique de 13 Hours : The Secret Soldiers of Benghazi), Eye in the Sky choisit de regarder plutôt du côté des coulisses du pouvoir militaro-politique dans lesquelles des décisions terribles sont prises; la destruction d’une maison abritant des futurs kamikazes justifie-t-elle par exemple la mort certaine de vies innocentes alentour ? À cette question, Hood (auteur de Rendition, sur les dérives des autorités américaines post-9/11) répond par un thriller captivant.
L'avis de la rédaction :

Sami Gnaba: ***
Jean-Marie Lanlo: **
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