Suite à la mort soudaine et inexpliquée de son nouveau-né, un couple décide de substituer le bébé d’un couple de junkies avec le cadavre du sien.
Réalisatrice : Susanne Bier | Dans les salles du Québec le 25 mars (TVA Films)
Est-ce que notre seule capacité (ou même notre simple volonté) à nous reproduire nous en donne le droit? Comme un trop sérieux Raising Arizona, Une seconde chance touche à cette question du droit parental et de l'éthique dans des situations où le désir ardent vient confondre la raison.
De leur point de vue, Andreas (Nikolaj Coster-Waldau) et Anna (Maria Bonnevie) méritent à tout prix d'être parents, du moins assez pour imposer volontairement une tragédie à des parents qu’ils jugent moins méritants. Cette idée intéressante se retrouve au cœur d'un film qui étire trop la sauce et se montre frileux avec la moralité de son intrigue.
Les retournements qui jouent sans arrêt avec notre empathie apportent un élément substantiel au scénario. À chaque révélation, le spectateur se trouve forcé de remettre en question ses présomptions et l'exploration de cette ambiguïté morale est l'un des grands plaisirs du film.
Malheureusement, l’intrigue prend un certain temps avant de se mettre en place et le drame central n'est pas assez surprenant ou novateur pour se permettre un tel luxe. De plus, l'évolution morale du personnage principal est potable, mais nous pensons qu'une présence plus constante des parents junkies aurait pu fournir une contrepartie intéressante à ses dilemmes. Ce point de vue aurait permis de nuancer le drame et de le guider vers des territoires moraux encore plus intéressants en jouant sur l’ambiguïté entre le bien et le mal.
Le parcours aurait pu être captivant, mais il est au finalement si fortement balisé que l’on ne s’y laisse pas facilement entraîner. La réalisatrice et co-scénariste Susanne Bier construit un film aux maintes réussites, mais qui aurait gagné à couvrir plus de territoires thématiques.
L'avis de la rédaction :
Olivier Maltais : **½
Martin Gignac: **½
Sami Gnaba: **
