15 mai 2015

Good Kill (Drones) **

Le commandant Tom Egan (Ethan Hawke) est maintenant affecté au pilotage de drônes. Il se retrouve donc dans une base militaire à proximité de Las Vegas, en toute sécurité, à donner la mort comme s’il jouait à un jeu vidéo. Cela ne correspond pas à l’idée de ce qu’il se faisait de sa vocation en entrant dans l’armée de l’air!

Réalisateur: Andrew Niccol | Dans les salles du Québec le 15 mai 2015 (Remstar)

Le moins qu’on puisse dire est qu’Andrew Niccol est un cinéaste cohérent. Qu’il adapte un roman pour ado (The Host) ou qu’il signe des œuvres a priori plus personnelles (Gattaca et Lord of War), il nous propose des films qui obéissent à la même logique: un point de départ offrant des sujets de réflexion passionnants (ce qui est également vrai pour une oeuvre plus mineure comme In Time), mais finit par être dépassé par les événements. Ses films, inexorablement, finissent par ressembler à des petits films bien faits mais plus ou moins inaboutis.
C’est donc sans grande surprise que Good Kill suit la voie tracée par les précédents films de Niccol: le début est passionnant et nous permet de suivre un pilote de chasse reconverti dans le guidage de drones de combats. Il nous montre alors une guerre qui se voudrait de plus en plus propre, pratiquée par des fonctionnaires qui vont tuer à distance pendant les heures de bureau et qui rentrent à la maison le soir… Il nous montre surtout le traumatisme que cela impliquent pour ceux qui la pratiquent ainsi. Il pose par conséquent les jalons d’une réflexion sur la guerre moderne, guerre dans laquelle l'ennemi n’est plus une armée mais une multitude d’individus intégrés à la population civile.
Malheureusement, au lieu d’exploiter ces deux thèmes en développant leur complexité, Niccol transforme son film en drame familial qu’il aurait été plus pertinent de laisser en toile de fond. Plus le film avance, plus il devient maladroit et convenu, au point de ressembler à une multitude de films américains de seconde zone sur la crise d’un couple.
Au final, Good Kill nous laisse le même goût amer que l’ensemble de la production Niccolienne: la certitude d’être passé à côté d’un passionnant sujet… Malheureusement, cette fois, les défauts sont encore plus flagrants que d’habitude!
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