La vie est parfaite pour Marianne, une star du rock qui se remet d'une opération des cordes vocales (Tilda Swinton), et son amant (Matthias Schoenaerts). Le couple, isolé dans une villa au soleil sur une île paradisiaque, mange, fait l’amour, paresse, bronze et refait l’amour. Son jardin d’Éden est ébranlé lorsque l’exubérant Harry (Ralph Fiennes), ex-amant de Marianne, et sa fille (Dakota Johnson) débarquent à l’improviste avec une puissante énergie sexuelle qui vient débalancer la polarité des lieux.
Réalisateur : Luca Guadagnino | Dans les salles du Québec le 20 mai 2016 (Remstar)
Le scénario, exempt de véritable intrigue, est constitué principalement de gens attirants et fortunés qui s’enferment et interagissent dans un cocon d’opulence et de luxure. Leurs envies, leurs jalousies, leurs appétits, leurs tentations et leurs relations forment la force qui alimente le cœur du film. Comme des paparazzis invisibles, nous sommes invités à admirer et envier les vies hautement sexuelles de ces individus qui, du haut de leur Olympe, font office de dieux grecs, autant dans leurs obscénités que dans leurs enfantillages. Assez simples en surface, les dynamiques particulières engendrent toujours un jeu secret qui se déroule sous nos yeux, fait de séduction ou de tromperie.
Malgré une réalisation léchée aussi séduisante que ses acteurs, le tout tomberait en morceaux sans la force de leur jeu. Tel un féroce paon rempli de malice, Ralph Fiennes ne peut s’empêcher, par son exubérance flamboyante, de s’approprier toute l’attention tandis que Tilda Swinton, toute en grâce et gestuelles, en fait beaucoup sans jamais lever la voix. Quelques semaines après son rôle de garde-du-corps troublé dans Maryland, Schoenaerts nous démontre une nouvelle fois l’étendue de son jeu, alors que Dakota Johnson séduit en lolita qui va et vient dans chaque scène comme bon lui semble.
Le virage abrupte du dernier acte est loin d’être parfait mais impose une perspective différente aux personnages dans une bulle que rien ne semble pouvoir atteindre. La crise des réfugiés, dont on entend parler en périphérie depuis le début, vient contraster avec les drames autour de la piscine paradisiaque et offrir une couche thématique supplémentaire.
Malgré quelques longueurs, l’ambiance et le jeu à l’écran font de A Bigger Splash une grande réussite.
L'avis de la rédaction :
Olivier Maltais: ***½
Jean-Marie Lanlo: **
Martin Gignac: ***½