19 août 2016

Hell or High Water ***½

De multiples vols de banques commis par deux frères (Ben Foster et Chris Pine) attirent l’attention d’un policier vieillissant (Jeff Bridges).

Réalisateur : David Mackenzie | Dans les salles du Québec le 19 août 2016 (VVS Films)

Remarqué à Cannes plus tôt cette année, Hell or High Water est une œuvre féroce sur l’Amérique. Tout y passe, de la relation des États-Unis - et plus implicitement du Texas - avec sa population mexicaine et amérindienne à la perte de confiance envers ses institutions, en passant par la moralité chancelante en temps de crise économique, etc. Un peu plus et on se croirait chez James Gray ou Andrew Dominik!
Cette riche matière première n’entrave en rien le scénario, bien au contraire. Les enjeux principaux semblent même ténus, suivant un rythme indolent. Ce qui est important ici n’est pas nécessairement l’intrigue principale mais bien toutes ces ramifications qui se déroulent à l’arrière-plan, dans le sous-texte. Le climat entre les frères bien différents et ce père spirituel évoque la tragédie grecque, mais il n’est heureusement jamais trop lourd, grâce à un humour absurde qui peut rappeler le Fargo des frères Coen. Les personnages apparaissent quant à eux déjà avec une étoffe et une épaisseur, immédiatement définis et fascinants malgré leurs conventions et leurs limites (Bridges et Foster connaissent ces partitions par cœur). Chris Pine s’impose pour sa part en laissant parler son talent, ce qui n’arrive pas souvent dans son cas (on accusera les longs métrages et pas nécessairement l’acteur).
Cinéaste assez inégal qui a offert son lot de bons (Starred Up), de moyens (Young Adam) et de mauvais films (Perfect Sense, Spread), l’Écossais David Mackenzie signe une réalisation solide et très aboutie. Le tout débute avec un premier plan fort en bouche, pour se poursuivre plus subtilement à l’aide d’un montage alterné à toute épreuve. Il développe en un rien de temps un western moderne qui se termine sur une finale assez réjouissante.
Tout n’est évidemment pas de ce calibre. L’intérêt peut disparaître à mi-chemin et le spectateur qui ne jure que par l’histoire sans accorder de l’importance à l’atmosphère et aux thèmes pourra trouver le temps long. Il y a pourtant suffisamment d’éléments probants pour faire de Hell or High Water un des meilleurs longs métrages américains de l’année.
L'avis de la rédaction :

Martin Gignac: ***½
Jean-Marie Lanlo: ***½
Olivier Maltais: ***½
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