19 août 2016

Les Cowboys ***½

Sans prévenir, la fille de 16 ans d’une famille a priori sans histoire disparaît subitement. Les parents apprennent à cette occasion qu’elle s’était progressivement radicalisée. La recherche de la vérité deviendra pour le père, puis pour le frère de la disparue, une véritable obsession.

Réalisateur: Thomas Bidegain | Dans les salles du Québec le 19 août 2016 (Axia Films)

Thomas Bidegain, qui signe avec Les cowboys son premier long métrage comme réalisateur, n’est pas pour autant un néophyte dans le milieu du cinéma. Il est en effet un scénariste chevronné, notamment auréolé de deux Césars obtenus pour la coécriture de deux films réalisés par Jacques Audiard: Un prophète et De rouille et d’os.
Avec ce film présenté l’an dernier à la (décidément toujours excellente) Quinzaine des réalisateurs, il semble se faire plaisir en tant que scénariste tout en témoignant de réels talents de metteur en scène. En plus de manier à la perfection l’art de l’ellipse et de maîtriser parfaitement son changement de personnage principal, Bidegain excelle dans l’art d’aborder un sujet grave et très actuel (même si son film commence à la fin des années 90) en choisissant de l’aborder par la bande (la radicalisation religieuse est ici vue par le regard des proches). Par petites touches, Les Cowboys dessine donc en creux un beau portrait d’une famille confrontée au départ soudain et imprévu d’un enfant vers une nouvelle vie. Si le film change un peu d’angle d’attaque aux deux tiers (de manière pas toujours heureuse), il retrouve ensuite une approche plus convaincante, et se permet même de nous livrer une fin aussi sobre que réussie.
La mise en scène est impressionnante pour un premier film. Certes, nous pourrions reprocher un petit détail ici ou là, mais Thomas Bidegain fait surtout preuve de nombreuses qualités très prometteuses pour la suite de sa carrière comme réalisateur. Sa capacité à installer une scène et des personnages en quelques plans, sans faire usage de dialogues trop explicatifs, n’est d’ailleurs pas sans liens avec ses talents de directeur d’acteurs. Les deux personnages servant de piliers au film, à la fois différents et très complémentaires, sont il est vrai superbement incarnés par François Damiens (dans un contre-emploi idéal en homme fort brisé par le destin) et par le jeune Finnegan Oldfield (déjà vu dans l’excellent Bang Gang), parfait en ado effacé devenant un homme apaisé par le biais d’un parcours qui ne l’est pas vraiment.
Malgré son titre et son affiche peu inspirants (même si nous en comprenons la logique… le film aurait d’ailleurs pu s’appeler The Searchers!), Les Cowboys est à voir absolument. Pour sa part, le réalisateur Bidegain est à suivre de très près!
L'avis de la rédaction :

Jean-Marie Lanlo: ***½
Miryam Charles: **
Martin Gignac: ***
Olivier Bouchard: ***
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